Solutions locales pour un désordre global. Le désordre, c’est celui de la production agricole mondiale aujourd’hui : terres épuisées par les pesticides, semences stériles, plantes malades, équilibre rompu entre le cultivateur et la nature, perte de sens pour toute une activité. Les solutions, ce sont celles développées par les chercheurs, agronomes, biologistes et agriculteurs rencontrés par Coline Serreau, réalisatrice de ce film humaniste et optimiste.
Si le constat de départ est accablant, ce documentaire est avant tout instructif et constructif. Coline Serreau met en avant des initiatives généreuses et efficaces, appliquées localement — ce qui ne veut pas dire que leur portée est limitée, mais qu’elles impliquent les acteurs chacun à leur niveau, de façon personnelle.
Solutions locales pour un désordre global est né d’une année à parcourir le monde. En France, en Inde, au Brésil, en Ukraine…, la réalisatrice a rencontré ceux qui s’impliquent pour sauvegarder les semences en voie de disparition (Dominique Guillet, association Kokopelli*), lutter contre la désertification par l’agroécologie (Pierre Rabhi, association Colibris), libérer les agriculteurs de l’emprise des multinationales et redonner du sens à leur activité (Vandana Shiva, physicienne, Fondation de la recherche pour la science, les technologies et les ressources naturelles). Avec un humour mordant et une approche très pédagogue, Claude et Lydia Bourguignon, spécialistes en microbiologie des sols, nous parlent des ravages de l’industrie chimique agricole, de la complémentarité des cultures et de l’élevage, de la nécessité de retrouver une bio-diversité aujourd’hui perdue. Coline Serreau a également rencontré un agriculteur ukrainien qui pratique « le bio » depuis trente ans, un cultivateur brésilien du mouvement des « Sans Terre », des fermiers  indiens, franciliens, marocains… Pour eux comme pour nous, produire et consommer local, ce n’est pas une utopie : c’est l’avenir, c’est ce qui fait sens et redonne un sens.

* Kokopelli, qui répertorie et commercialise des semences rares et anciennes dédaignées par les grands semenciers, a été attaqué par ces derniers, qui n’appréciaient pas l’activité de l’association. Pas sûr que Kokopelli survive à cette mobilisation de grandes entreprises qui ont décidé d’avoir sa peau…