© Safra/Businova

L’industrie c’est lourd et coûteux. Ça nécessite de gros investissements, financiers bien sûr, mais aussi en termes de R&D et de main-d’œuvre. Bref, l’industrie, ce n’est pas pour les petits. Safra, une PME albigeoise créée en 1955 et spécialisée dans la « rénovation et la maintenance de tout type de matériel de transport urbain », prouve pourtant que l’on peut être une entreprise modeste et se lancer dans l’industrie lourde, en l’occurrence dans la conception et la fabrication de bus électriques.
L’aventure a commencer en 2010, lorsque la direction de l’entreprise décide de concevoir puis de fabriquer l’autobus le plus écologique et le plus durable qui soit. Après de nombreux mois de recherche et de mise au point, Safra lance le Businova, dont les premiers exemplaires-démonstrateurs sont rapidement mis en service à Gaillac, à Albi et à Toulouse. Depuis, Périgueux, Castres et Marseille ont également passé commandes de Businova. Pas la moindre contrat en revanche au nord de la Loire…

Les passagers arrière bénéficient d’une luminosité exceptionnelle grâce au belvédère du Businova. © Safra/Businova

Particularités du Businova : une double chaîne de traction électrique et hydraulique, ainsi que d’un petit moteur thermique comme prolongateur d’autonomie ; un belvédère qui, à l’arrière, offre aux passagers une vision panoramique et une très grande luminosité.
Safra prévoit de livrer 10 bus en 2018, puis 33 en 2019. Si c’est une petite équipe de 25 personnes qui a en charge leur fabrication, chaque nouveau véhicule commandé nécessite, selon la direction, l’embauche d’un collaborateur supplémentaire. Les effectifs de Safra devraient donc progresser rapidement, puisque l’entreprise envisage de livrer 200 bus en 2020.
Après la quasi-disparition des constructeurs d’autobus et d’autocars en France depuis le rachat de Renault par Iveco — qui fabrique cependant une grande partie de ses modèles dans l’Hexagone sous les marques Iveco et HeuliezBus —, de nouveaux acteurs se positionnent grâce à la montée en puissance des transports non polluants. Outre Safra, Bluebus — groupe Bolloré —, PVI — avec ses Gépébus — ou encore Alstom — avec l’étonnant Aptis — proposent eux aussi leurs solutions de mobilité 100% électrique et made in France. L’entreprise Dietrich Carebus commercialise quand à elle des bus Youtong qui, malgré leur origine chinoise, sont assemblés en Alsace. Ils sont en outre équipés de batteries Saft de fabrication française. De leur côté, EasyMile et Navya développent avec succès l’EZ10 et l’Arma, deux navettes électriques et autonomes intégralement conçues et produites dans l’Hexagone.
Loin de tuer l’industrie nationale, la transition énergique peut au contraire participer à son renouveau. Et aujourd’hui sans aggraver ni la pollution de l’air ni les nuisances sonores, mais au contraire en les atténuant, voire en les supprimant.

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