Selon le site challenges.fr, le salaire des ouvriers qui assemblent les Vélib’ en Hongrie est d’environ 350 euros par mois. Vraiment pas lourd quand on sait que, selon l’office hongrois de la statistique, le salaire moyen dans le pays s’élève à 743 euros mensuels. Il convient de rappeler que les Vélib’ circulent à Paris, grâce à un contrat signé entre la Mairie de la ville et une entreprise française, JCDecaux, qui a elle-même confié la construction des vélos à Lapierre, un fabricant français. Alors pourquoi avec autant de Français dans la boucle ces vélos sont-ils finalement fabriqués en Europe centrale ? Parce que Lapierre appartient au groupe néerlandais Accell, qui jugea préférable de les faire assembler dans son usine hongroise plutôt que de le faire par Lapierre ou par Mercier, autre filiale française d’Accell, qui a en particulier fabriqué et livré 1100 Vélo’v, précurseurs et équivalents lyonnais des Vélib’ parisiens. Pour justifier son choix, Accell avance les capacités de production plus importantes de l’usine hongroise pour faire face aux délais imposés par Paris. Explication d’ailleurs reprise par M. Rios, directeur de production de Mercier, qui confirme que son entreprise n’avait les moyens de faire face aux délais imposés. Soit. Mais il est tout de même regrettable qu’un marché public aussi important, auquel il convient d’ajouter celui de la maintenance et du renouvellement du parc, puisse échapper à l’un des rares constructeurs français survivants, alors que la concurrence asiatique réduit chaque jour un peu plus leur part de marché. Dommage surtout que la Mairie de Paris n’ait pas pu exiger que les désormais célèbres bicyclettes gris souris soient assemblées sur le territoire français.
Autre cas, autre issue. Le nouveau moteur diesel R9M de Renault sera construit à Cléon, en Seine-Maritime, alors que les usines espagnole et surtout roumaine du constructeur avaient de loin la préférence de la direction. L’économie mondialisée est devenue un tel non-sens que l’on s’émerveille lorsqu’une entreprise française décide de fabriquer en France plutôt qu’à l’étranger ! Il est vrai qu’aujourd’hui Renault est française plus par son histoire qu’elle ne l’est par la répartition géographique de ses sites industriels ou par la composition de son actionnariat. Au final, Renault précise que le site de Cléon a emporté la décision pour deux raisons majeures, à savoir son expérience en termes de construction de moteurs et sa position géographique, qui lui permet d’une part d’alimenter facilement les usines de Flins (Yvelines), de Douai (Nord) et de Sandouville (Seine-Maritime) et, d’autre part, de pouvoir irriguer les différentes usines du groupe dans le monde, grâce à sa proximité avec le port du Havre. Des atouts qui visiblement n’existaient pas avant que l’Etat français, encore actionnaire du constructeur à hauteur de 15%, ait conditionné son soutien financier à l’arrêt des délocalisations…