Sale temps pour l’entreprise Marbot-Bata. Ce fabricant de chaussures, spécialiste du cousu goodyear*, n’en finit pas de collectionner les coups durs. Après avoir déjà essuyé multiples intempéries depuis le début de l’année, l’entreprise de Neuvic-sur-l’Isle (Dordogne) a cette fois vu une grande partie de sa toiture détruite par la grêle, le 8 juin. A l’intérieur du bâtiment, outils de travail et stocks de chaussures ont été également endommagés, des bureaux inondés.
Pas de chance, car un tout nouveau contrat venait juste de redonner un peu de travail aux salariés de l’entreprise, six mois après que le ciel leur est une première fois tombé sur la tête. Car pour Marbot, l’année 2009 est un cauchemar. En janvier en effet, le ministère de la Défense confiait à l’Allemand Meindl et au Français Argueyrolles la fabrication de 100 000 à 400 000 chaussures aux forces de l’armée de terre, sur quatre ans. Ce marché était depuis cinquante ans attribué à Marbot par le ministère de la Défense, son principal client.
Mais après tout, pourquoi une seule et même entreprise devrait-elle éternellement jouir des contrats publics ? Certes. Mais pourquoi confier ces mêmes marchés publics à une entreprise étrangère, voire à un fournisseur français qui, fidèle à la politique de sa maison mère, le groupe Noël, fabriquera en grande partie les nouveaux « croquenauds » en Tunisie. Pourquoi ce choix alors que la crise est ce qu’elle est et que le gouvernement ne cesse de claironner qu’il faut maintenir en France une activité industrielle… Difficile après ce genre de décisions de demander à des entreprises privées de ne pas délocaliser. Le marché avec le ministère de la Défense représentait 60 à 70 % du chiffre d’affaires de Marbot. Aujourd’hui, après la grêle dévastatrice du 8 juin, le ciel au-dessus des 74 salariés de l’entreprise vient encore de s’assombrir…


* Difficile de trouver « dans le civil » des modèles fabriqués par Marbot. En revanche, le site trancheemilitaire.com propose, parmi toutes sortes de surplus militaires, quelques modèles Marbot neufs, solides, d’excellente qualité – cuir, cousu goodyear – , à moins de 25 euros. On trouve également sur ce site des chaussures montantes fabriquées par Richard Pont-Vert (Paraboot) à moins de 80 euros, des souliers de gala Clerget noirs vernis à moins de 30 euros, des gants laine et cuir confectionnés par la manufacture de Saint-Junien (Hermès) à 8 euros, etc. On peut aussi dénicher des chemises, des t-shirts, des pulls, des chaussettes, des parkas et des cabans, en majorité neufs et pour bonne part
Made in France. Le site porte bien son nom : le kaki et le bleu règnent sans partage, l’ambiance générale est à la fois martiale et austère, mais l’ensemble respire la qualité. Et tout est très bon marché.