Pour La Française des jeux, la protection sociale et celle de l’environnement sont des enjeux essentiels, des priorités. Et c’est finalement bien la moindre des choses lorsque l’on est une entreprise publique et que l’on vit grâce à l’obole que versent, chaque jour, les Français qui espèrent ainsi améliorer leur sort. Même si les mésaventures d’un des vainqueurs de l’Euromillions prouvent une fois de plus que gagner trop d’argent n’est définitivement pas bon pour le mental…
« La Française des Jeux est une entreprise citoyenne par sa  contribution directe aux finances publiques et ses initiatives solidaires. Elle l’est aussi par sa volonté de formaliser une démarche de protection de l’environnement et d’engagement social », peut-on lire sur son site Internet de l’entreprise.  « Confiance, clarté et partage », « Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », « Diversité et égalité des chances » sont par exemple mis en exergue sous l’onglet « Objectif exemplarité sociale ». Mêmes nobles intentions si l’on consulte la rubrique « Objectif protection de l’environnement » : « Un bilan carbone comme « point zéro » », « Réduire l’empreinte écologique de l’entreprise », « Une démarche partagée », « L’écoconception  : un véritable changement culturel »… Bref, à travers La Française des Jeux, l’Etat affiche clairement son engagement auprès des Français en ces temps de crise, leur assurant que leur argent sera on ne peut mieux utilisé. Les hommes et l’environnement sont en effet ses priorités.

Créer 250 emplois en France
De quoi encourager en tout cas M. Yves Hémard et l’inciter à contacter l’entreprise publique. P-dg de LudWin, une société spécialisée dans le conseil aux opérateurs de jeux et dans la vente des produits liés à ce secteur, M. Yves Hémard avait en effet en projet de créer en France une imprimerie spécialisée dans la fabrication de jeux de grattage. D’où l’idée de proposer un partenariat à La Française des Jeux pour qu’elle lui confie une partie des 2,5 milliards de tickets à gratter qu’elle imprime chaque année, aux Etats-Unis. « Avec seulement un cinquième de cette production transférées chez nous et nos ventes à l’export auprès d’autres opérateurs, notre imprimerie serait viable », explique ainsi Yves Hémard. Il écrit même à Nicolas Sarkozy pour plaider sa cause, la nouvelle imprimerie, opérationnelle en dix-huit mois, permettant notamment la création de 250 emplois. Hélas, pour La Française des Jeux, il n’est pas possible de qualifier une imprimerie en France. Point final.
Pourtant, La Française des Jeux imprimait bien ses tickets en France dans deux imprimeries avant que celles-ci ne soient rachetées par une entreprise américaine. Qui s’empressa de transférer ensuite la production Outre-Atlantique…
Il semblerait donc que la création de 250 emplois en France grâce au rapatriement dans l’Hexagone d’une fraction de la fabrication de ses tickets ne soit pas compatible avec l’« Objectif exemplarité sociale » ni avec l’« Objectif protection de l’environnement » revendiqués par La Française des Jeux sur son site Internet. Dommage, car fabriquer en France, même partiellement, aurait permis de « Réduire l’empreinte écologique de l’entreprise ». Pas terrible pour l’image de La Française des Jeux, alors que des  soupçons planent toujours quant à l’éventuel trucage des jeux vendus par l’entreprise publique.
Une chose est sûre, M. Yves Hémard va revenir à sa première idée : faire imprimer ses tickets en Chine.
Ce qui n’est bon ni pour l’environnement ni pour l’emploi en France. Chinois et Américains sont en revanche ravis.