Tous les secteurs d’activitĂ© ou presque sont dans la panade, entraĂ®nĂ©s dans leur chute par la finance et l’immobilier. Presque tous, en effet, car les laboratoires pharmaceutiques se portent comme des charmes, qu’ils soient amĂ©ricains, anglais, suisses ou mĂªme français. Ainsi, pour ce qui est de notre petit Hexagone, Sanofi-Aventis vient d’annoncer un bĂ©nĂ©fice net de 2,27 milliards d’euros au deuxième trimestre 2009, soit une hausse de 29 % par rapport Ă  la mĂªme pĂ©riode un an plus tĂ´t. Le bĂ©nĂ©fice par action a ainsi augmentĂ© de 23 %,  soit sur un an une progression de 10 % par action. Du coup, pour reprendre les termes du  journaliste *, « la direction a Ă©tĂ© amenĂ©e Ă  rĂ©viser Ă  la hausse ses objectifs de croissance ». Pas de chance…
Une rĂ©cente Ă©tude parue dans Diabetologia a en revanche rĂ©vĂ©lĂ© que le Lantus, un des produits de l’entreprise française, induirait des risques de cancer. RĂ©ponse du patron de Sanofi-Aventis, Chris Viehbacher : « Le potentiel du Lantus n’a pas Ă©tĂ© affectĂ© par ces Ă©tudes. C’est un traitement de grande valeur pour les patients et il sera un des moteurs de nos ventes… » Celles du Lantus ont en effet fait un bond de 26 %. Ce qui est quand mĂªme l’essentiel ! Etude ou pas Ă©tude, cancer ou pas cancer, crise mondiale ou pas, les mĂ©dicaments se vendent comme des petits pains et les bĂ©nĂ©fices du labo explosent.
Pourtant, Sanofi-Aventis a dans le mĂªme temps annoncĂ© un plan d’Ă©conomies de 2 milliards d’euros d’ici Ă  2013. Au programme notamment, la fermeture de huit sites de recherche, dont quatre en France, soit 1 200 suppressions d’emplois, qui concernent en particulier 850 chercheurs. Ces licenciements vont s’ajouter aux 1 300 dĂ©parts volontaires prĂ©cĂ©demment annoncĂ©s. Pour justifier ce plan, la direction a expliquĂ© qu’elle anticipait la mise sur le marchĂ© dans les deux ans Ă  venir de plusieurs produits gĂ©nĂ©riques, copies de mĂ©dicaments Sanofi qui reprĂ©sentent un cinquième de son chiffre d’affaires global.

Les animaux, c’est mieux
Le lendemain de ces multiples annonces, Chris Viehbacher dévoilait le rachat de la participation de Merck dans leur coentreprise Merial, pour la modique somme de 4 milliards de dollars. Spécialité de Merial : la santé animale. Le secteur de la santé animale est paraît-il moins sensible que celui de la santé humaine. Il est donc plus sûr de soigner les chiens, les chats, les porcs et les moutons que nous autres, pauvres bipèdes. A moins bien sûr que ne survienne une bonne pandémie.
A ce propos, Sanofi-Pasteur est l’un des trois laboratoires Ă  fabriquer les vaccins contre le virus H1N1. Et comme on prĂ©voit une vaccination massive de la population… Ces vaccins connaĂ®tront-ils le mĂªme sort que les 30 millions de doses de Tamiflu et consorts que l’Etat Ă  toujours en stock, depuis plusieurs annĂ©es — date de pĂ©remption ? —, faute de propagation de la grippe aviaire ? Et si ce futur vaccin n’est finalement d’aucune utilitĂ© — ce qu’on ne peut qu’espĂ©rer —, si la santĂ© des Français n’est pas menacĂ©e, celle, financière, de Sanofi-Pasteur, de Novartis et de GSK sera quant Ă  elle grandement amĂ©liorĂ©e. La pandĂ©mie pourrait, selon certaines prĂ©visions, toucher 2 milliards de personnes. Peut-Ăªtre mĂªme faudra-t-il multiplier ce chiffre par deux si deux injections sont nĂ©cessaires pour Ăªtre correctement protĂ©gĂ©.  Si ça ce n’est pas un business en or…

*Les Echos du 30 juillet