Les banques françaises — plus saines et mieux gérées que les autres, selon leurs porte-parole et leurs relais politiques — ont une recette infaillible pour gagner de l’argent : faire payer leurs clients un maximum. Une récente étude menée à l’échelle européenne montre en effet que les banques françaises sont parmi les plus chères d’Europe, simplement devancées par les espagnoles et les italiennes. Bien entendu, les banques contestent ces résultats, comme elles le font d’ailleurs quand il leur est reproché de ne pas soutenir l’activité économique, les entreprises en particulier. Trop risqué sans doute. Facturer toutes sortes de « services » et « packs » au client lambda dans la plus complète opacité est en effet une activité beaucoup plus sûre et lucrative. La Commission européenne dénonce notamment l’abus de position de gestionnaire de compte qui leur permet de prélever des commissions pratiquement à l’insu de leurs clients, et de refuser systématiquement de les expliquer. Elle leur reproche également de prodiguer trop souvent de très mauvais conseils, qui ne sont pas mauvais pour tout le monde bien entendu.

La France, sur tous les podiums…
Le coût moyen pour la tenue d’un compte courant est ainsi 154 euros en France, contre 103 au Royaume-Uni, 89 en Allemagne, 62 en Suède ou encore 58 en Belgique. Seules leurs homologues latines sont plus voraces : 178 euros pour les Espagnoles et 253 pour les Italiennes. Cela donnerait presque envie d’ouvrir un compte courant chez nos voisins belges, comme l’autorise d’ailleurs la législation européenne. A condition de ne pas oublier de le déclarer en France…
Un précédent rapport de Bruxelles, paru en mars 2009, dénonce les tarifs trop élevés pratiqués par d’autres entreprises hexagonales, les opérateurs de téléphonie mobile. Là encore, ils sont sur le podium européen, et encore mieux placés puisque cette fois seulement devancés par les Espagnols. Sacrés Espagnols… En moyenne, les prix des abonnements, communications et autres SMS sont en France 50% plus élevés, soit environ 30 euros par mois, contre 20 ailleurs dans l’UE.
Pour corriger cela, la Commission européenne préconise l’octroi d’une quatrième licence 3G, solution dont Bouygues, France Télécom et SFR ne veulent pas entendre parler. Il est vrai que par le passé, l’arrivée d’un nouvel opérateur, Free en l’occurrence, avait totalement chamboulé le ronron du business Internet. Avec ses moyens incomparablement plus limités, Iliade-Free avait en effet révolutionné l’accès au net, en inventant le Triple-Play — Internet-téléphone-TV —, proposé à un tarif très inférieur à ceux affichés par les autres opérateurs pour des prestations comparativement indigentes.

Défendre leur gamelle
Depuis, tous les fournisseurs d’accès à Internet ont calqué leurs offres sur celle de Free, soit approximativement 30 euros par mois, sans que cela ne remette d’ailleurs en cause leur santé financière.
France Télécom, Bouygues et SFR proposent aujourd’hui le Quadruple-Play, soit l’offre précédente à laquelle ils ajoutent le téléphone mobile. Ce que ne peut faire Free, puisque ses concurrents s’opposent par tous les moyens à ce que le fauteur de trouble ne vienne une nouvelle fois manger dans leur gamelle…
BNP-Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Dexia, Bouygues, France Télécom, Vivendi, sept membres éminents du fameux CAC 40, la fine fleur des entreprises françaises. Politiques et grands patrons affirment souvent qu’il faut cesser de critiquer « nos champions », car s’ils gagnent beaucoup d’argent, tout le monde en profite.
Peut-être. Mais alors à l’exception des clients des banques et des opérateurs de téléphonie mobile… Soit la quasi-totalité de la population française.