Nos certitudes occidentales en prennent un sacré coup ces derniers temps. Ainsi, alors que les ravages de la crise économique se poursuivent, le récent rapport* de Greenpeace sur les engagements des chefs d’Etat en termes de réchauffement climatique nous révèle que, loin d’être exemplaires, les responsables du Nord sont sérieusement en retard sur la question. Pis, ce sont ceux que l’on montre du doigt pour justifier le peu d’avancées réalisées qui sont les bons élèves de la « classe verte ». Une classe au fond de laquelle on retrouve Barrack Obama, toujours collé au radiateur, poussé au maximum…
Il y a longtemps que les moins crédules ne se font guère d’illusions sur la sincérité des élites politiques et économiques occidentales, qui jurent leurs grands dieux s’être converties — certes tardivement, mais totalement et sincèrement — aux idées écologistes. A cet égard, même pas de surprise ou de déception. Mais tout de même, Obama bonnet d’âne, avec une note de 0,8 sur 10, après tous les espoirs qu’il a suscités… Et l’Europe ? Aucun de ses principaux chefs d’Etat n’obtient la moyenne, le meilleur d’entre eux, le Britannique Gordon Brown, se contentant d’un  modeste 4,5, juste devant Angela Merkel, qui obtient 4,3. La France ? Pour son président, « Copenhague sera la minute de vérité. On verra à ce moment-là les pays du monde qui sont au rendez-vous de l’Histoire ou ceux qui ne le veulent pas et ils devront l’assumer devant l’opinion publique internationale. » Résultat : 3,7… La France ne serait donc pas le phare écologique censé éclairer le monde entier…

Une éolienne toutes les deux heures
Et les vilains Chinois, Indiens et autres Brésiliens ? Que font ces assoiffés de carburant, occupés à produire à outrance pour combler leur retard, refusant obstinément de suivre les vertueux pays développés ? Le Brésilien Da Silva obtient juste la moyenne, le président Indien décrochant 5,3. Quant Hu Jintao, il se classe deuxième (derrière le Premier ministre de Tuvalu) avec une note de 5,9. Selon Greenpeace, les énergies renouvelables ont connu un essor spectaculaire en Chine : la capacité installée des parcs éoliens a doublé quatre années de suite et, en 2008, une nouvelle éolienne était construite toute les deux heures. En France, on communique sur le fait qu’une centrale au charbon sort de terre chaque semaine en Chine.
On nous dit souvent que si les pays industriels veulent conserver demain leur suprématie, ce sera grâce au green business. C’est mal engagé.
Heureusement, il y a en ce moment une bonne raison de se réjouir : le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. C’est tellement plus agréable de rappeler ses victoires et les défaites des autres. En Allemagne, ceux de l’Est goûtent depuis vingt ans les plaisirs du mode de vie occidental. Qu’en pensent-ils ? Pour rien au monde ils ne souhaiteraient le retour de la Stasi et du flicage permanent, c’est sûr. Pour le reste, leur déception semble immense… « On a manifesté, on s’est battus pour le changement, pour la paix et le progrès social, rappelle cet ancien Allemand de l’Est**. Aujourd’hui, la situation économique est terrible, le recul social généralisé et nos soldats font la guerre en Afghanistan. » Peu importe. Pendant qu’on s’autocongratule, que l’on parle de nos « succès » passés, on oublie nos difficultés actuelles, bien réelles celles-là. Et c’est toujours ça de gagné.

* Publié en prélude à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques de Copenhague.
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Interception, France Inter, dimanche 8 novembre