Crise ou pas crise, les investissements directs étrangers en France se portent bien. Ils sont ainsi à peine inférieurs à ceux réalisés en 2008 et sont même légèrement supérieurs à ceux de 2007.  L’année 2009 a pourtant été marquée par une baisse de 12 % du commerce international — la plus forte depuis 1945 —, et par le reflux de 39% des investissements directs étrangers (IDE) dans le monde. Aujourd’hui encore, l’Hexagone est la troisième destination privilégiée des investisseurs internationaux,  recueillant 65 milliards d’euros d’investissements, juste derrière la Chine (90 milliards) et les Etats-Unis (135,9 milliards d’euros). Ces capitaux étrangers sont à 68 % européens — l’Allemagne étant le premier investisseur —, à 19% nord-américains et à 10 % asiatiques. Ils ont permis de créer ou de maintenir environ 30 000 emplois. Ce qui malheureusement ne suffit pas pour compenser les 360 000 pertes d’emplois enregistrées en 2009 (600 000 depuis le début de la crise).
Un exemple concret. Cédé au groupe Volvo en 2001, Renault V. I., devenu Renault Trucks en 2002, est toujours implanté dans l’Hexagone (quatre sites de production). Neuf années après la vente, la production des camions Renault n’a pas été délocalisée, alors que les ventes se sont écroulées l’année passée et que le marché du poids lourd ne bénéficie d’aucune prime à la casse. Mieux, la direction suédoise de Volvo vient de transférer en France une nouvelle activité, le montage de moteurs de 5 à 8 litres, jusqu’à présent opéré en Allemagne. Elle investit également dans le camion hybride pour fabriquer sur le site de Bourg-en-Bresse les camions de demain. Toutes ces bonnes nouvelles n’empêchent malheureusement pas les journées de chômage partiel ni les départs anticipés en retraite. Mais au moins sont-ils synonymes d’investissement pour l’avenir. Autre activité de Renault revendue à une entreprise étrangère : la fabrication des tracteurs. Après être devenu l’actionnaire majoritaire de Renault Agriculture en 2003, à hauteur de 51%, l’entreprise allemande Claas acquiert la totalité de la marque française en 2008. Dès lors, le vert et le blanc de l’Allemand remplace le orange du Français. La marque Renault disparaît des champs. Aujourd’hui pourtant, le site de production n’a pas bougé et les tracteurs Claas sont tous fabriqués en France, au Mans. La direction allemande investit même pour développer les capacités de production du site.
Peut-être la France fait-elle figure de pays à bas coûts pour des investisseurs allemands et suédois…
Et l’ancienne maison mère française, dans tout cela ? Renault ne fabrique plus que 25 % de ses véhicules en France, ce qui bien évidemment sous-entend que le constructeur supprime des emplois dans l’Hexagone. Le récent épisode de la Clio IV, Renault finira, d’une manière ou d’une autre, par fabriquer totalement en Turquie, est à cet égard édifiant.
Et si finalement les salariés des filiales liquidées par Renault il y a quelques années s’en sortaient mieux que ceux restés dans le giron de l’ex-régie nationale ?