Les grands groupes internationaux continuent à faire le ménage. La crise est en effet pour certains le moment propice à l’assainissement des comptes, l’occasion de supprimer ce qui coûte encore trop cher. Et ce qui coûte trop cher, c’est en particulier produire dans un pays développé. En France, les entreprises qui appartiennent à ces groupes disparaissent petit à petit du paysage industriel. Les 139 salariés corréziens de Jacob Delafon (groupe américain Kholer) auront par exemple d’ici peu tout le loisir de penser aux bienfaits de la mondialisation. Le site de production de Brive-la-Gaillarde va en effet bientôt fermer ses portes, la production de ses blocs WC et lavabos étant transférée à Tanger, au Maroc. Côté lingerie, les petites mains de Lejaby seront, pour 200 d’entre elles, sans travail d’ici à six mois. Palmers Textil, le propriétaire autrichien du fabricant de lingerie, estime qu’il n’est plus possible de produire en France, puisque ses concurrents ont tous délocalisé. Il va donc procéder à la fermeture des usines de Bourg-en-Bresse, de Bellegarde-sur-Valserine — où l’entreprise a été créée en 1930 — et de Teil, dans l’Ardèche. Autant de sites qui, de toutes façons, ne produisaient déjà plus grand-chose…
Pas de pressions étrangères en revanche pour Technicolor — ex-Thomson, ex-fleuron industriel tricolore contraint de changer de nom pour tenter d’effacer son image désastreuse —, qui va supprimer plus de 600 emplois en Bretagne, chez Grass Valley. L’objectif est de « tronçonner » ce fabricant américain de matériel vidéo professionnel, acheté par Thomson sous l’ère Thierry Breton. Avant de le revendre en morceaux…
Seul Descamps-Jalla, qui appartient groupe italien Zucchi, a de justesse sauvé son site de production de Régny (Loire), qui fabrique du linge de toilette. Mais pour combien de temps ?
Petit rayon de soleil au travers de ce ciel bien sombre, bien bas : Clayeux, fabricant de vêtements pour enfants. Après une période de dix-huit mois de redressement judiciaire, l’entreprise faimilale de Montceaux-les-Mines a vu son chiffre d’affaires grimper de 17% au cours des trois derniers trimestres 2009. La diversification à tout va ne lui ayant pas franchement réussi, Clayeux entend à présent se recentrer sur la « maille », qu’elle fabrique dans son usine bourguignonne. « Le made in France représente notre meilleur atout, car il est un gage de qualité, assure Gilles Clayeux, le président du directoire.  C’est pourquoi nous poursuivrons nos efforts en R&D à hauteur de 1 million d’euros d’investissement par an. » Clayeux est aujourd’hui parmi les derniers — si ce n’est le dernier ! — industriel de sa spécialité à encore fabriquer dans l’Hexagone.