A partir d’aujourd’hui et pour cinq semaines, les Cartes Bleues vont chauffer. L’heure des soldes d’été a sonné, la chasse aux bonnes affaires est ouverte. Mais qu’est-ce qu’une bonne affaire ? Un pull vendu 80 euros, soldé 35 et qui n’en vaut pas 10 ? Ou un autre vendu 100, soldé 70, mais qui en vaut réellement 50 ? Bref, faut-il profiter des soldes pour acheter un produit de qualité médiocre, fabriqué en Chine ou ailleurs, ou en privilégier un autre, d’excellente qualité, fabriqué en France ? D’aucuns diront qu’il existe aujourd’hui de très bons produits fabriqués en Asie. C’est probablement vrai. Les Chinois ne sont pas plus empotés que les Français. Mais en achetant le pull produit dans l’Hexagone, non seulement il est probable qu’il soit encore de meilleure facture, mais, surtout, vous aidez une entreprise à conserver ses emplois, à verser des salaires, à alimenter l’assurance chômage, à verser des impôts, etc. La défense de notre fameux modèle social français, consciencieusement détricoté depuis plusieurs années, est aussi à ce prix. Quant aux consommateurs qui continuent à acheter à « bon » prix des vêtements, des chaussures, des vélos, des jouets ou de l’électroménager fabriqués ailleurs, ils réalisent de fausses économies, tout en remplissant la cagnotte d’un commerçant bien de chez nous et celle d’un fabricant chinois, indien ou autre… Et demain, certains viendront déplorer la maigreur de leur retraite, la disparition de la Sécurité sociale.
Pendant que ce billet d’humeur prenait forme, un petit bip nous avertissait de l’arrivée d’un nouvelle email. En substance, il disait ceci :
« Vous pouvez créer une plate-forme de sous-traitance et donner du travail à des entreprises en Tunisie. Les avantages sont nombreux :
– main-d’œuvre qualifiée ;
– exonération d’impôt sur les bénéfices pendant dix ans ;
– autres avantages. »
Paradoxalement, La Fabrique hexagonale reçoit fréquemment de tels messages émanant d’industriels d’Afrique du Nord. Les accords passés entre les autorités tunisiennes et françaises permettent en effet de tels arrangements.
Dans les semaines qui viennent, si une paire de chaussures ou un ensemble de lingerie vous tente, vérifiez l’étiquette. S’il s’agit d’une marque française qui fait fabriquer en Tunisie, souvenez-vous ce que cela signifie : des emplois supprimés, des cotisations sociales qui s’évaporent et dix années d’exonération d’impôt sur les bénéfices pour l’heureux délocalisateur… Même à -50 %, êtes-vous sûr de vouloir payer ce prix-là ?
Tout à fait d’accord avec cet article, et commentaires également intéressants… Oui, moi aussi j’y ai souvent pensé, beaucoup de marques chères et réputées chic se font surtout une marge hallucinante quand le produit leur a très peu coûté ! Rien à voir avec Agnès B, dont les vêtements sont certes cher, mais encore en partie fabriqués en France.
Bonsoir;
Vous avez entièrement raison… Je prends l’exemple de St Dupont, marque française de prestige mais détenue à 50 % par un homme d’affaire chinois de Hong-Kong… St Dupont a créée une série limitée en marquinerie et accessoires sur le polo… et bien le polo (le vêtement) en manche courte avec broderies sur la poitrine certes de qualité honorable mais est made in china et vendu 99 Euros….
On se doute de la marge confortable que fait la marque sur un produit qui doit leur coûter maxi 15 Euros à fabriquer…
Cordialement
Patrick
Vigilante et soucieuse depuis des années d’acheter français pour les raisons que tu invoques, je pense, qu’au delà de la période des soldes, il devrait être obligatoire de mentionner le pays fabricant de tout produit entrant en France afin d’informer les acheteurs. Or, ce n’est pas toujours le cas. Et ça ne l’est quasi jamais pour la vente à distance faite par les gros distributeurs de la VPC et leurs satellites. Même en magasin, il est plus facile de trouver des pièces d’habillement ou des jouets français qu’un réfrigérateur, un meuble ou du matériel informatique car, bien souvent aucun n’est de fabrication française. Par ailleurs, j’attire ton attention sur un domaine qui m’est cher :l’édition. En général, livres et magazines sont quasi tous imprimés hors de France, les derniers éditeurs indépendants et les métiers de l’édition (pré-presse) étant détruits par les machines-outils informatiques. Ce sont des milliers d’emplois et de très nombreux métiers du pré-presse, tout un savoir-faire, qui ont ainsi disparu ou sont sur le point de l’être. Les rares éditeurs, souvent spécialisés dans l’édition d’art ou des textes à très petit tirage qui existent encore, valent qu’on s’intéresse à eux car eux aussi soldent à des prix qui peuvent paraître élevés mais qui couvrent difficilement leurs frais.
Une fois encore, tu as parfaitement raison. Notre vigilance à tous est encore plus importante en période de soldes car cette espèce de frénésie est trop tentante pour certains commerçants qui n’hésitent pas à écouler des marchandises d’encore plus grande médiocrité fabriquées à l’autre bout du monde.
Évitons ces pièges !