© Scarlett

Mise à jour : attention, certains bracelets Scarlet seraient désormais fabriqués ailleurs

De larges éventails multicolores sont disposés sur les tables de la boutique Scarlett de la rue Godot-de-Mauroy, dans le IXe arrondissement de Paris. A côté, quelques sièges où s’asseoir pour patienter…
Après quelques minutes d’attente, une conseillère vous reçoit et vous écoute avec attention. Puis elle s’empare d’un des éventails et pose tour à tour différentes lamelles de cuir sur votre vieux bracelet fatigué, pour repérer celui qui épousera le mieux le cadran de votre montre. Incroyable qu’il puisse exister autant de choix — matériaux et couleurs — pour habiller sa montre. Cette abondance en devient presque intimidante… Chèvre, veau, lézard, python, requin, autruche ou crocodile, à écailles rondes ou carrés…, que choisir ? Et dans quel coloris ? Faut-il préférer un cuir mat ou brillant, une surpiqûre blanche ou ton sur ton ? Il est même possible de fournir son propre tissu et de se faire faire un bracelet.

Peaux et fabrication françaises
Heureusement, les conseillères sont là pour conseiller, même si, en dernier ressort, c’est le client qui décide. Et c’est parfois dommage d’ailleurs… « Ainsi, raconte Mme Cassan, prénommée Scarlett,  il a fallu retirer le galuchat — peau de raie manta — de notre catalogue. Malgré nos avertissements, des clients choisissaient ce cuir, qui n’était pas adapté à leur montre. Peu de soucis avec une boucle dépliante,explique-t-elle, mais lorsqu’il faut percer des trous dans le cuir, il est ensuite impossible de les cautériser. Du coup, la solidité s’en ressentait. » Et avec elle la satisfaction de ces mêmes clients… Si vous habitez loin de Paris, vous pouvez passer commande en ligne. Mais il vous faudra alors vous passer de conseils…
La créatrice de Scarlett — qui accueille et conseille elle aussi les clients lorsqu’elle est à Paris — et ses collaborateurs maîtrisent parfaitement leur sujet. Et pour cause : de la prise de mesures à la livraison finale, Scarlett se charge de tout. Chaque pièce est peaufinée artisanalement dans l’atelier de l’entreprise, implanté dans les Hautes-Pyrénées. La fabrication est faite à la demande et il faut savoir attendre — environ trois semaines — avant de pouvoir donner une nouvelle jeunesse à sa montre. Comme la fabrication, les cuirs sont d’origine française, parfois italienne ou espagnole. «Je n’achète pas de peaux ailleurs, car la qualité n’est pas comparable. La teneur en chrome — nécessaire pour fixer les pigments — est par exemple beaucoup trop élevée sur les cuirs qui viennent “de plus loin”. Du coup les bracelets manquent de souplesse et sont plus fragiles. » Et porter chaque jour au poignet un bracelet-montre « sur-chromé » n’est peut-être pas idéal pour la santé. Pour ceux que cette question préoccupe particulièrement, Scarlett propose d’ailleurs des cuirs qui ont été tannés avec des produits exclusivement végétaux.

Ne pas étrangler le client…
Au final, les tarifs des bracelets Scarlett sont supérieurs à ceux des produits bas de gamme fabriqués à la chaîne Dieu sait où. Ils sont équivalents aux articles prétendument fabriqués à la main, mais en Inde ou ailleurs. Et ils sont très inférieurs à ceux affichés par ses concurrents directs, qui fabriquent sur mesure dans l’Hexagone. Pourquoi ? « Même si l’environnement, la concurrence des pays à bas coûts et celle des autres fabricants sont importants, ce qui reste essentiel dans une entreprise, ce sont la personnalité, les priorités et les choix de son dirigeant, affirme Scarlett Cassan. En ce qui me concerne, j’ai choisi de limiter la croissance de mon entreprise, de privilégier systématiquement fabrication et fournisseurs français, tout en refusant d’“ étrangler ” l’acheteur. Nos marges sont bien sûr inférieures à celles des concurrents, mais c’est un choix. » Et depuis une dizaine d’années, salariés et fournisseurs de Scarlett ne peuvent que s’en féliciter. Sans oublier les clients, qui peuvent s’offrir des produits généralement réservés à une toute petite minorité…

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