© La Fabrique hexagonale

Au pays du tout nucléaire, du diesel roi, de l’agriculture et de l’élevage intensifs, le respect de l’environnement a toujours été une préoccupation secondaire. Dans notre cher Hexagone, les « écolos » sont considérés comme de doux rêveurs, déconnectés des réalités, économiques notamment. La détérioration de notre planète est aujourd’hui avérée ? Les combustibles fossiles auront effectivement disparu dans quelques années ? Les produits chimiques dans les aliments, l’habillement ou l’ameublement sont en général mauvais pour la santé ? Peu importe… Même s’ils ont raison contre tous depuis des dizaines d’années, les écologistes sont et resteront des rigolos. Pourtant, une véritable prise de conscience environnementale semble s’opérer. Ainsi en milieu urbain, où de plus en plus de municipalités incitent leur population à laisser la voiture au garage  —lorsque c’est possible —, les vélos prennent petit à petit possession des rues. En mettant des bicyclettes à disposition de la population à Lyon, à Paris, à Nantes, à Caen, etc., en aménageant* les voies publiques pour que les nouveaux cyclistes, pas toujours rassurés ni rassurants, puissent circuler en sécurité, les municipalités ont montré l’exemple. Résultat, nombre de femmes et d’hommes ont ressorti leur vieux Peugeot, Helium, Lejeune, Mercier ou Motobécane pour se promener ou aller au travail. Pour suivre cette tendance, des industriels, qui avaient abandonné la petite reine, y sont revenus : Peugeot propose ainsi à nouveau une gamme de vélos, assemblés à Romilly-sur-Seine, dans son ancienne usine, vendue il y a plusieurs années à Cycleurope. Ce même Cycleurope étoffe quant à lui sa production, en Champagne-Ardenne et en Pays-de-la-Loire, pour proposer notamment une gamme de plus en plus large de vélos électriques.

Les VAE décollent
Le plus symbolique exemple de cette tendance est peut-être celui de Matra. Hier spécialiste de l’automobile — entre autres, mais aussi de l’armement, de l’aviation, etc. —, Matra MS est aujourd’hui la référence française en termes de deux-roues électriques. Après une première série baptisée i-step – des vélos à vocation plutôt sportive –, puis quelques modèles de vélos urbains moins originaux, Matra MS a récemment présenté le i-flow, un VAE de conception très originale. Conçu et assemblé lui aussi à Romorantin, l’i-flow est ce que l’on appeler un vélo familial. Ses concepteurs l’ont ainsi imaginé pour qu’il puisse transporter deux enfants, grâce notamment à un système breveté de rappel automatique du guidon, qui permet à la roue avant de ne pas tourner lorsque l’on installe un enfant dans son petit siège. Grâce à un astucieux système de fixation de la batterie, le centre de gravité de l’i-flow est placé très bas, en dessous de l’axe des roues. La stabilité est ainsi améliorée. Sans chaîne, mais avec une courroie de transmission, équipé d’un porte-bagages intégré au cadre — qui supporte jusqu’à 40 kg de charge —, muni en option de poignées de guidon avec clignotants, équipé de freins à disques, l’i-flow est à la fois propre, pratique et sûr. Avec ce modèle, Matra ne propose pas un VAE de plus, mais un nouveau type de deux-roues.
Grâce à l’action des municipalités et à cause de la hausse continue des carburants, la France est devenue une des terres de prédilection du vélo, simplement devancée au niveau mondial par les Pays-Bas, le Japon et la Grande-Bretagne.
Outre le recours à la bonne vieille force musculaire, l’après-pétrole se fera au bénéfice de l’électricité. En France, cela signifie « nucléaire ». Pas très écologique… Mais pour la production énergétique aussi, les mœurs évoluent. Nombre de projets, sites de fabrication de panneaux photo-voltaïques ou fermes solaires, sortent en effet de terre. Plutôt que de s’en féliciter, EDF — qui par ailleurs dépense des fortunes pour l’EPR – et les pouvoirs publics s’en inquiètent. Le « coup de rabot » gouvernemental sur les niches fiscales écologiques est-il une réponse à cette inquiétude ? Souhaitons en tout cas que ce désengagement de l’Etat ne porte pas un coup fatal au tardif élan vert des Français.

* Les villes sont également nombreuses à participer à l’achat d’un scooter ou d’un vélo électrique (chèque de 400 euros à Paris par exemple).