Certains hommes ne connaissent aucune limite à la volonté de puissance, à la convoitise. Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, est assurément l’un d’eux. Après avoir fait de LVMH le numéro 1 mondial du luxe, l’homme d’affaires veut à présent s’emparer d’Hermès. Plus petit que son propre groupe, moins puissant, Hermès lui fait pourtant de l’ombre. Plus désirable, plus prestigieux. Jean-Louis Dumas, l’ancien patron charismatique d’Hermès, décédé en mai dernier, disait : « Ne faites surtout rien de laid, quelqu’un pourrait l’acheter ». Indéniablement snob, cette affirmation est malgré tout à l’image de ce qu’est Hermès aujourd’hui : une marque élitiste, qui ne veut pas vendre à tout le monde, à tout prix. Mais qui vend malgré tout : le sellier est plus profitable que le géant du luxe. Et puis, consécration, Hermès est toujours considérée comme LA maison de luxe par excellence.
N’ayant pu vaincre loyalement, sur le terrain, Bernard Arnault sort à présent les liasses de billets… Pas au grand jour, mais en cachette, grâce à des filiales américaines, luxembourgeoises et panaméennes. LVMH est désormais en possession de 17 % environ du capital de Hermès, la famille de ce dernier demeurant le premier actionnaire, avec plus de 70 % des actions. La légalité de cette prise de participation est visiblement sujette à caution, l’agresseur n’ayant pas déclaré de franchissements de seuil (5% des actions, 10%, etc.) comme il est censé le faire à l’AMF (Autorité des Marchés Financiers). Selon Bernard Arnault, il ne s’agit en rien d’une attaque hostile, mais simplement d’un moyen « amical » de garantir à Hermès la stabilité de son actionnariat et la pérennité de son caractère hexagonal. On n’en doute pas une seconde. En attendant, la famille Hermès a gentiment rappelé que s’il voulait vraiment être amical, Bernard Arnault devait se retirer du capital de leur entreprise. Combien de temps les différents membres de cette vénérable famille résisteront-ils aux offres, on s’en doute alléchantes, que le patron de LVMH ne tardera pas à leur faire ? Pour diviser d’abord, pour régner ensuite…
Ah ! la rente, la rente… Mais c’est précisément ce que veut faire, ou ce qu’ont toujours souhaité réaliser, tous les capitaines(sic) d’industries, les condottiere des soupers en ville et des boudoirs, les hobereaux du capitalisme français ou international. Voyez, à une autre dimension, les véritables finalités de ceux qui raillaient l’affairisme marchand, ou l’agiotage financier, seuls intéressés par le « diamant du fondamentalisme technologique », les Bill Gates et Steve Jobs… Non, pour Arnault comme pour les autres , c’est bien le dividende qui étalonne la virilité, l’authenticité du règne ! Il existe cependant des exceptions : dans certaines PME d’excellence où le capital de l’entreprise est massivement détenu par l’ensemble du personnel et les coopératives ouvrières de production. Cela dit, une telle opération peut être diligentée avec l’assentiment de la famille Dumas, dans un souci tactique, aux seules fins boursières du renchérissement du titre. C’est pour l’instant ce à quoi on assiste.
Quoi qu’il en soit, ce que donne à voir la qualité de production de Louis Vuitton et l’évolution consumériste, saturée par un budget publicitaire « consanguin », c’est qu’on ne peut plus parler de cette entreprise comme d’une « maison de luxe », comparativement à Hermès ou Goyard Louis Aujean