Si tout se passe comme prévu, c’est donc en Bolloré que les habitants de Paris et des villes voisines circuleront, dès la fin de l’année 2011, dans le cadre d’Autolib. L’offre de l’industriel breton a en effet été préférée à celles de ses deux concurrents, Veolia et le consortium SNCF-RATP-Avis-Vinci. En faisant ce choix, les élus franciliens n’ont certainement pas choisi la facilité. Si les deux battus s’appuyaient sur des véhicules déjà opérationnels — une Mistsubishi rebadgée Peugeot et Citroën pour Veolia, la Smart Electric, made in France mais à deux places seulement, pour le quatuor SNCF-RATP-Avis-Vinci —,  Bolloré proposera en effet aux clients d’Autolib ses propres véhicules quatre places. Et c’est là que tout se complique : associé à Pininfarina pour la conception et la fabrication de sa Bluecar, Bolloré vient en effet de voir son partenaire, en grandes difficultés financières, se retirer du projet. Bolloré se retrouve donc seul à bord, contraint de racheter les parts de l’Italien. Les premiers modèles de son véhicule seront malgré tout assemblés en Italie, par l’entreprise Cecomp. Pour la suite, toutes les options semblent ouvertes. Pour ce qui est des batteries — le cœur de toute voiture électrique — de la future Autolib,  elles seront assemblées chez Batscap (Bolloré), à Ergué-Gabéric, dans le Finistère. Après avoir inauguré une usine de fabrication en 2009, l’entreprise projette de poser la 1re pierre d’un nouveau site de production dès janvier 2011, pour une inauguration un an plus tard. Au programme, 350 embauches étalées jusqu’en 2013 et une production annoncée de 15 000 à 20 000 batteries, qui s’ajouteront 7 000 unités que produit l’unité québécoise du groupe. Destinées aux Autolib et aux minibus électriques assemblés par Gruau, elles seront également recyclées en batteries domestiques, cela pour combler en partie le déficit électrique chronique dont souffre la Bretagne.
Les concurrents malheureux d’Autolib rient sous cape, arguant que la voiture Bolloré ne verra jamais le jour. Peut-être. Mais si tout ce passe bien, les élus de Paris et de la région auront peut-être permis l’émergence d’un nouveau constructeur automobile, 100% électrique, en lui confiant un projet d’envergure. Le coup de pouce, le contrat indispensable qui manque souvent pour bien démarrer. Même si le groupe Bolloré n’est pas une une TPE qui débute et que son dirigeant ne manque ni de relations ni d’appuis, en particulier au plus haut niveau de l’Etat.