Faute de débouchés professionnels, les emplois industriels ayant pour beaucoup quitté l’Hexagone, nombre de formations ont disparu. Et avec elles des métiers. Qu’adviendra-t-il demain si une relocalisation devait s’opérer, parce que les carburants seront devenus trop chers ou les salaires trop élevés dans les pays dits à bas coûts ? Le gouvernement chinois n’entend-il par exemple encourager la hausse des salaires jusqu’à leur doublement d’ici à cinq ans…
Avant même ce retour hypothétique des « déserteurs », les fabricants qui sont restés dans l’Hexagone vont prochainement voir une grande partie de leur personnel prendre le chemin d’une retraite bien méritée. Cette situation est particulièrement sensible dans le secteur de l’habillement, pour lequel l’immense majorité des produits consommés sont aujourd’hui importés.
Heureusement, quelques rares écoles ont tenu bon et proposent encore des formations à même de satisfaire les besoins des entreprises qui fabriquent en France. Mais à même de satisfaire aussi les jeunes filles et les jeunes garçons qui n’aspirent pas à faire de longues études, mais ne désirent pas pour autant travailler sur une plate-forme téléphonique, dans un fast-food ou dans un hypermarché.
Le lycée des Sapins est l’une de ces école. Implanté à Coutances, dans le département de la Manche, cet établissement professionnel forme notamment ses élèves aux métiers de la mode et au travail du cuir. Au programme : CAP maroquinerie ; CAP Mode et Chapellerie ; CAP Métiers de la mode-vêtement flou. Si ces trois diplômes permettent de trouver un emploi dès la sortie de l’école — et, semble-t-il, les places à prendre seront nombreuses dans les prochaines années —, avec le troisième, il est également possible de rester à l’école jusqu’à l’obtention du bac pro « Métiers de la mode vêtements ». Le lycée des Sapins est même le seul établissement français à proposer ce diplôme en apprentissage. La formation, qui prépare au métier d’ « agent technique de bureau d’études/méthodes en charge de la réalisation des prototypes de vêtements », est dispensée sur deux années, dont 39 semaines au lycée. Le reste du temps est consacré au travail dans une des entreprises sous contrat avec le lycée. Parmi elles les Etablissements Thierry, le groupe Grandis ou encore les Tricots Saint-James, un des porte-drapeaux de la fabrication française.
En achetant des produits fabriqués à proximité, on fait bien plus qu’acheter un simple pull, une simple chemise : on fait aussi vivre des entreprises, des écoles et des savoir-faire.