Lancé le 14 avril dernier, le label Vosges Terre Textile symbolise la mobilisation de certains industriels face à la mondialisation, aux délocalisations et à la perte de sens et de valeur du label made in France. C’est le président du Syndicat Textile de l’Est, Paul de Montclos, qui dirige également l’entreprise Garnier-Thiebaut, qui est à l’origine de ce nouveau label. L’objet est d’inscrire à nouveau les entreprises dans leur territoire, dans leur histoire et leur économie. En l’occurrence, plus de trois siècles d’histoire textile.
Aujourd’hui encore, et même si la désindustrialisation a aussi frappé le massif des Vosges, 75 sites industriels — appartenant aux 30 entreprises industrielles — font travailler un peu plus de 3 000 personnes. Environ 60 % de la filature, 50 % du tissage et 50 % de la production cotonnière nationales y sont réalisés chaque année. Parmi ces entreprises, 22 ont d’ores et déjà été certifiées, cela à l’issue d’un audit d’usine effectué par le Cetelor (Centre d’essai textile lorrain certifié Cofrac*), un organisme indépendant implanté à Epinal. Pour pouvoir afficher le label Vosges Terre Textile, les entreprises doivent réaliser localement — départements 54, 57, 67, 68, 70, 88 et 90 — 75 % des cinq opérations du processus de fabrication, à savoir : création-R&D ; filature-fils teints ; tissage-tricotage-constitution du voile non tissé ; ennoblissement ; confection-finition et logistique. Une part importante des industriels certifiés sont inconnus du grand public, soit parce qu’ils produisent pour d’autres professionnels et pour le secteur public, soit parce qu’ils fournissent des produits semi-finis à d’autres industriels. Quelques-uns en revanche, comme Garnier-Thiebaut (linge de maison), Blanc des Vosges-Sanderson (linge de maison) ou BleuForêt (chaussettes) sont bien connus des consommateurs. Le label Vosges Terre Textile est attribué pour trois années. Une fois ce délai écoulé, il faut à nouveau montrer patte blanche.
L’ancienne place Royale, à Paris, s’appelle place des Vosges depuis 1800 parce que ce département a été le premier à s’acquitter de l’impôt après la Révolution française. Peut-être ce nouveau label régional aura-t-il lui aussi valeur d’exemple à suivre.

* Comité français d’accréditation