La lettre Consommation et Modes de vie du Credoc (mai 2011)montre que les consommateurs français
sont de plus en plus sensibles à l’origine de fabrication des produits qu’ils achètent. Selon les chiffres 2010,
ils sont ainsi un sur deux (51%) à privilégier ceux fabriqués dans l’Hexagone, alors qu’ils n’étaient que 41 % en 2005. De même, 64 % d’entre eux se disent prêts à payer plus cher ces marchandises made in France (31% jusqu’à 5 %, 33 % au-delà de 5 %), contre 44 % en 2005.

Qualité, environnement et emploi
Pourquoi acheter français ? D’abord pour des raisons de qualité : les consommateurs français sont ainsi
52 % à estimer que les produits industriels fabriqués dans leur pays sont de meilleure qualité que ceux qui le sont hors d’Europe (ils n’étaient que 32 % en 1999 et 41 % en 2005). Mais ces considérations sur la valeur intrinsèque des produits ne sont pas les seules à justifier l’achat de proximité : 37 % des Françaises et des Français — 25 % en 2008 — sont ainsi prêts à payer plus de taxes si l’argent récolté est directement affecté
à la protection de l’environnement. En faisant l’acquisition de marchandises produites le plus près possible du lieu de consommation, ces acheteurs souhaitent limiter le transport, la pollution et la dégradation de l’environnement. A ces motivations écologiques s’ajoutent les considérations sociales. De plus en plus en plus d’acheteurs consomment français par solidarité avec celles et ceux qui fabriquent les produits. Sans doute les inquiétudes des Français quant à leur propre avenir n’est-il pas étranger à cette empathie : 70 % d’entre eux sont inquiets pour eux-mêmes ou leurs proches (étude sur Les Conditions de vie et les aspiration, publiée
par le Credoc début 2011).
Pourtant, si l’on considère l’innovation, les industries — et donc les produits qu’elles fabriquent — chinoise (33 %), japonaise (23 %), allemande (19 %) et américaine (12 %) sont les plus performantes aux yeux des consommateurs français. Ceux-ci ne sont en revanche que 3 % à vanter l’innovation de l’industrie française, qui est même devancée par l’indienne (4 %). Pour résumer, les Français sont donc prêts à acheter plus cher des marchandises moins innovantes, mais de meilleure qualité et produits à proximité. Alors qu’ils sont huit sur dix à penser qu’il est impossible d’avoir un développement économique sans secteur industriel fort, ils sont aussi une très forte majorité — 73 % — à percevoir le déclin de l’industrie nationale. En d’autres termes, ils craignent de ne plus pouvoir acheter demain des produits made in France, faute d’entreprises industrielles pour les fabriquer.

Soutien de l’Etat
Pour endiguer la désindustrialisation hexagonale, Françaises et Français souhaitent que les pouvoirs publics interviennent. Le plus grand nombre (48 %) — en particulier les moins diplômés, les moins fortunés et les plus jeunes — désirent que ce soutien se porte en priorité sur les secteurs en difficulté (20 % pensent au contraire que l’investissement doit avant tout favoriser les secteurs de pointe). Cette préoccupation illustre avant tout le souci de préserver les emplois existants, au détriment peut-être de la compétitivité du pays sur la scène internationale. L’aspect social du made in France est donc particulièrement fort. Neuf personnes sur dix estiment également que l’aide de l’Etat doit surtout profiter aux petites entreprises, pas aux plus grandes.
Si la tendance mise en lumière par l’étude du Credoc est plutôt encourageante, elle révèle aussi que la moitié des Français ( 49 % ) ne prêtent aucune attention à l’origine des produits qu’ils achètent. Parmi eux, les plus jeunes sont les plus nombreux à ne pas privilégier la production locale. Ce qui n’empêche pas les 18-39 ans de se déclarer particulièrement sensibles aux questions sociales et environnementales.