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Ça a vraiment une drôle de bouille, un lapin sans oreilles ! Cette étrange « bobine », née à proximité de Fukushima, risque de renforcer les rangs des anti-nucléaires, qui se réunissent aujourd’hui, samedi 11 juin 2011, à Paris.
Selon un tout récent sondage, ils étaient déjà 77 % parmi les Français à souhaiter que l’on tourne la page de l’atome : 15% favorables à une sortie immédiate, 62 % pour une sortie en 25-30 ans. En cela, ils ne diffèrent en rien des Allemands, qui ont en revanche la chance d’être entendus par leur gouvernement. Ce lapin profilé risque en tout cas
de donner des sueurs froides à Bong Joon-ho, cinéaste coréen — et donc voisin du Japon —, qui réalisa The Host en 2006, l’histoire d’un animal monstrueux créé accidentellement par le génie scientifique humain. Celles et ceux qui souhaitent se tenir informés des progrès de la génétique animale au Japon — mais qui surtout veulent comprendre
le business l’énergie en général — peuvent consulter 2000watts.org, site suisse qui permet de suivre jour après jour l’évolution de la situation à Fukushima. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne s’améliore pas…
Autour de l’Hexagone, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie ont déjà fait — ou s’apprêtent à faire — le choix de la sortie du nucléaire. Un autre voisin, l’Espagne, qui n’a pas construit de réacteurs depuis 1984, a quant lui choisi depuis longtemps les énergies renouvelables. Ce pays est aujourd’hui un des leaders industriels sur ce terrain, alors que la France y fait figure de cancre. Et là non plus, ça ne semble pas vouloir s’arranger. Suite au moratoire gouvernemental sur les énergies renouvelables — manquerait plus qu’elles se développent vraiment, ces énergies non polluantes ! —, nombre de petites entreprises françaises se sont retrouvées en grande difficulté. Certaines ont purement et simplement fermé. Photowatt, le leader national du solaire, vient ainsi de mettre en vente le seul site industriel français capable
de produire des panneaux solaire de A à Z. Aucune entreprise tricolore n’a en effet souhaité s’intéresser à sa reprise. Cette usine de Bourgoin-Jallieu sera donc fermée ou reconvertie, à moins qu’une groupe étranger ne vole à son secours. Alors que, pour cette société iséroise, la messe semble dite, le géant allemand Bosch va transformer en partie son site de Vénissieux, dans le département voisin du Rhône. Jusqu’alors occupés à produire des composants pour l’injection Diesel, 200 de ses salariés vont désormais se consacrer à la fabrication de panneaux solaires !
Et si l’avenir énergétique de l’Hexagone passait finalement par l’étranger, d’abord parce que les pays frontaliers de la France risquent à terme de l’obliger à sortir du nucléaire ; ensuite parce que les Allemands, les Espagnols, les Danois, mais aussi les Américains, les Japonais ou les Chinois profiteront de l’incurie des Français pour s’implanter sur leur territoire. Quelques champions tricolores se contenteront peut-être de s’emparer de technologies développées par d’autres, plus petits. Dans l’éolien, Alstom a ainsi racheté l’Espagnol Ecotecnia et Areva l’Allemand Multibrid. Ce qui leur suffira certainement pour s’autoproclamer, le plus sérieusement du monde, précurseurs en énergies renouvelables.