Etonnant tout de mĂªme que ce soient les pays Ă©mergents qui tirent le marchĂ© mondial du luxe. Amusant que les deux grands noms français du secteur investissent et embauchent en France pour rĂ©pondre Ă  la demande de ces pays, de la Chine en particulier. Louis Vuitton vient ainsi d’inaugurer un nouvel atelier dans le DrĂ´me, dans lequel 70 personnes ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© recrutĂ©es sur la centaine qui, au total, Ă©pauleront les 200 salariĂ©s de l’atelier de Saint-Donat, que le nouveau remplace. Le bĂ¢timent, irrĂ©prochable en termes de dĂ©veloppement durable selon sa direction — pompes Ă  chaleur, panneaux photovoltaĂ¯ques, rĂ©cupĂ©ration de l’eau de pluie —, abritera la fabrication de sacs Ă  main, selon un processus fortement automatisĂ© grĂ¢ce Ă  un concept rĂ©volutionnaire de coupe, dĂ©veloppĂ© par le spĂ©cialiste français Lectra. De son cĂ´tĂ©, Hermès a annoncĂ© l’implantation future d’un atelier en Charente, pour y produire de la grosse maroquinerie. LĂ  aussi, il s’agit d’augmenter les capacitĂ©s de production des sites français pour rĂ©pondre Ă  la demande des « pays-riches-de-demain ». Vu sous cette angle, la mondialisation a du bon : elle permet Ă  des entreprises de trouver ailleurs des clients lorsque la clientèle domestique est atone, cela en prĂ©servant les savoir-faire et en fournissant des emplois dans leur pays d’origine. Mais cela ne concerne malheureusement que de très rares entreprises, y compris dans le luxe et le haut de gamme. Le groupe LVMH a ainsi dĂ©localisĂ© la production des produits de nombre de ses autres marques.

Low-cost contre haut de gamme
Une chose semble certaine cependant : ce n’est pas en jouant la carte du low-cost que l’on dominera les entreprises des pays Ă©mergents et encore moins que l’on prĂ©servera l’emploi en France. Renault en fait actuellement l’expĂ©rience, qui est obligĂ© de solder des vĂ©hicules vieillissants et fabriquĂ©s majoritairement ailleurs. PSA, qui n’est pas non plus dans une forme Ă©blouissante, a fait le choix inverse : monter en gamme et fabriquer dans l’Hexagone des modèles plus originaux, plus cossus et vendus plus chers, sans pour autant chercher Ă  concurrencer directement les Allemands sur le crĂ©neau des grosses berlines. RĂ©sultats : des vĂ©hicules comme les 3008 ou la DS3 — et sans doute demain la 3008 hybride et les DS 4 et DS 5— sont de vrais succès commerciaux, alors que la Twingo slovène se vend moins cher qu’une Dacia et qu’il faut brader les Clio — turques et espagnoles pour l’essentiel — pour sĂ©duire les acheteurs. Bien entendu, Renault avance d’autres explications que son positionnement ou la « qualité » de son catalogue hispano-roumano-solvĂ©no-maroco-turco-français pour expliquer la chute de ses ventes…
EspĂ©rons simplement que les choix opĂ©rĂ©s par la direction de PSA ne conduira pas Ă  la fermeture du site d’Aulnay et Ă  la dĂ©localisation de l’Ă©conomique C3. EspĂ©rons Ă©galement que les consommateurs français auront demain les moyens de s’offrir les productions hexagonales et qu’ils ne devront pas se contenter de produire pour des Ă©trangers aisĂ©s tandis qu’ils achèterons, pour eux, les marchandises venus de pays Ă  bas coĂ»ts.