L’endroit est modeste, exigu, encombré de peaux, de fils, de machines et de prototypes. Au-dessus, sur des rayons, différents modèles sont présentés côte-à-côte : pour femme et pour homme, originaux, raffinés, remarquablement finis. Avez-vous souvent vu des doublures différentes dans les poches intérieures d’un même sac ?
L’atelier et le showroom de Dognin se trouvent à Paris, dans le XVIIIe arrondissement. Là sont peaufinées et présentées les créations Dognin, luxueuses, exceptionnelles, dont les seules véritables concurrentes sont clles fabriquées par les plus grandes maisons françaises, Hermès en particulier. Selon Rafik Mahiout, l’un des deux fondateurs de cette petite maison, là est peut-être d’ailleurs le problème, s’il doit y en avoir un : « Pour ce qui est du travail, de la qualité, du savoir-faire, du design, nous jouons dans la cour des grands. En revanche, nous ne voulons pas uniquement nous adresser à une clientèle fortunée. Nos tarifs sont donc beaucoup plus démocratiques, même s’ils prennent en compte la qualité de nos matières premières, le temps passé et les savoir-faire nécessaires à la confection de chacun de nos produits. » Mais en choisissant ce positionnement, Dognin risque de se couper de la clientèle la plus aisée, avide de signes distinctifs. « Pas assez cher ! », disait une ancienne publicité. Comme s’il était impossible pour une marque de s’adresser à une clientèle plus large, moins sélecte, tout en proposant des produits d’exception.

Le Polochon, consacré par « Sex and the City »…

Dognin doit son nom au deuxième fondateur de l’entreprise. Héritier d’une grande famille lyonnaise de dentelliers, Luc Dognin s’associent en effet à Rafik Mahiout en 2000, après avoir mené des études financières et un troisième cycle à l’Institut français de la mode. Le nom et le logo sont repris de l’entreprise disparue dans les années 1970, mais le « coup de crayon », le style aujourd’hui, c’est à Luc Dognin qu’on les doit. Dix années plus tard, les deux « Dognin » sont restés fidèles à leurs principes initiaux : produire à Paris des sacs à nuls autres pareils, classiques par leur qualité et leurs matériaux, modernes par leur design et leur conception, par les process de fabrication mis au point et les brevets déposés.
Si deux modèles maison figurent désormais parmi les collections du Musée Galliera, le musée de la mode de la Ville de Paris, les sacs créés par Luc Dognin se vendent à 90% à l’étranger, au Japon notamment. Les passages répétés du Polochon au bras de Samantha Jones dans la série culte Sex and the City n’y sont probablement pas pour rien…