© A l’éolien terrestre, les industriels français préfèrent le offshore… © LFH

 

Leader mondial du nucléaire, Areva opère petit à petit sa conversion aux énergies renouvelables. Déjà présente en Allemagne, pays d’origine de Multibrid, un fabricant d’éoliennes racheté partiellement en 2007, puis totalement en 2010, l’entreprise se lance à présent dans l’Hexagone. Les responsables d’Areva Wind viennent en effet de décider la construction de deux sites de production au Havre, l’un pour produire les turbines, l’autre les pales. Au total, 1 000 emplois directs et 3 à 4 000 indirects devraient être créés. Grâce à ces deux nouvelles implantations industrielles, le groupe entend répondre aux appels d’offres lancés pour les plates-formes éoliennes offshore françaises, mais aussi britanniques, qui seront nombreuses au large des côtes normandes.
Avec Alstom, qui a racheté le fabricant d’éoliennes espagnol Ecotècnia en 2007, et Total, qui s’est emparé de SunPower, producteur américain de panneaux solaires, les multinationales françaises de l’énergie semblent décidées à prendre le tournant des énergies renouvelables.
Pour l’heure, les acquisitions d’Alstom et de Total n’ont pas de répercussions directes sur l’emploi en France. Si Alstom prévoit de construire prochainement deux nouveaux sites, elle le fera en effet aux Etats-Unis et au Brésil. Pour ce qui est de l’éolien offshore en revanche, elle projette de s’établir à proximité d’un grand port français et d’y créer un millier d’emplois. Elle met actuellement au point le plus grand générateur à aimant permanent et entraînement direct jamais conçu au monde. Alstom travaille pour cela en collaboration avec son ex entité Alstom Power Conversion, cédée sous la pression de Bruxelles en contrepartie de l’aide reçue de l’Etat français en 2005. Rebaptisée Converteam, l’ex filiale a depuis multiplié par huit son chiffre d’affaires et par dix-huit son résultat opérationnel. Une santé insolente qui attise bien des convoitises depuis plusieurs années. A commencer par celle de General Electric, concurrent direct d’Alstom, dont la persévérance a finalement payée. Converteam, implantée à Nancy, vient officiellement de passer sous pavillon américain…
Rien ne change donc : les acteurs — des multinationales pour l’essentiel — sont les mêmes et le grand Monopoly continue. Mais au moins l’environnement bénéficiera-t-il du passage à l’éolien et au solaire.