Succès et consécration d’un côté, fin pure et simple de l’autre. Le destin de deux anciennes entités de l’ex groupe Thomson-Brandt sont révélatrices des tendances à l’œuvre depuis des années. La branche grand public de Thomson — aujourd’hui rebaptisée Technicolor —, qui hier encore fabriquait des téléviseurs, des radios, des caméras, des baladeurs, etc., vient en effet d’annoncer la fermeture de son dernier site industriel européen, implanté à Angers, qui ne produisait déjà plus que des décodeurs. Au total, 350 salariés seront prochainement licenciés, sauf si une solution est finalement trouvée par les pouvoirs publics. Jadis géant industriel, Technicolor est aujourd’hui une entreprise de services qui vit essentiellement de royalties de brevets.

© Angénieux

Dans le même temps, l’entreprise Thalès et sa filiale Angénieux ont connu la consécration lors du dernier festival de Cannes. Une grande partie des longs métrages présentés sur la croisette ont en effet été tournés grâce à des zooms Angénieux, intégralement fabriqués en France. Cette entreprise occupe aujourd’hui la moitié du marché mondial haut de gamme, à la barbe de géants comme Canon. Et l’avenir paraît radieux : le développement du cinéma numérique et de la 3D font en effet grimper en flèche son chiffre d’affaires. En marge de cette activité, Angénieux produit également des équipements pour la télévision, pour la vision nocturne, des jumelles pour les pilotes d’hélicoptère ou d’avion de chasse, de l’optronique, des optiques de surveillance et de sécurité, etc. Ce sont sans doute les spécialités « sensibles » de l’entreprise qui lui ont permis de rester dans le giron de Thalès, sous contrôle de l’Etat. Que serait-il advenu d’Angénieux et de son site de production de Saint-Héand, dans la Loire, si cette entité avait été privatisée et intégrée au pôle grand public, aujourd’hui moribond ?

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