Les machines expresso, c’est un peu comme les baskets ou les téléphones portables : c’est presque systématiquement fabriqué en Chine. Que les autochtones soient davantage adeptes du thé que du « petit noir » n’a aucune importance ; ce sont eux et — presque — personne d’autres qui produisent désormais ce genre d’appareils grand public. Hors d’Asie, il y a bien quelques Italiens, un Suisse, un Portugais…, mais c’est à peu près tout.
Depuis l’apparition des fameuses capsules en aluminium chères à George Clooney, les ménages français remplacent à marche forcée leur ancienne cafetière électrique par ces percolateurs domestiques. Quant aux jeunes qui s’installent, ils passent directement à la « case expresso ». Ou comment creuser chaque jour le déficit commercial français…
Loin de les décourager, ce triste constat semble au contraire avoir motivé les responsables de Malongo, importateur « équitable » et torréfacteur  implanté à Nice. Depuis quatre années en effet, ils font des pieds et des mains pour mettre au point puis fabriquer une machine expresso dans notre petit Hexagone. Et pas n’importe quelle machine : une qui soit totalement recyclable — l’entreprise est depuis longtemps engagée dans le développement durable — et réparable. Les quatre modules — infusion, chaudière, électronique, circulation d’eau — de l’appareil sont par exemple simplement clipsés. Ils sont donc facilement démontables, sans le moindre outil. Pas moins de 36 brevets ont été déposés pour parvenir à ce résultat. A rebours d’une pratique aujourd’hui généralisée, Malongo a souhaité faire de son nouveau produit un antidote à l’obsolescence programmée : ici on ne remplace plus un appareil quasi neuf mais opportunément tombé en panne ; on lui refait une jeunesse en réparant ou en changeant ce qui doit l’être. L’Ek’Oh, c’est le nom de cette nouvelle machine, est d’ailleurs garantie cinq ans.
Esthétiquement, la machine se distingue également des dizaines de modèles qui encombrent les rayons des magasins spécialisés. Tout au moins si l’on en croit la seule photo fournie par Malongo… Car si l’entreprise communique sur l’Ek’Oh, celle-ci ne sera commercialisé qu’à l’automne.
C’est à CSI*, qui fabrique notamment les centrales vapeur Domena, que Malongo a confié l’assemblage de l’Ek’Oh. Les différents éléments qui la composent sont quant à eux produits en amont par d’autres PME françaises, à l’exception de la chaudière, italienne — la plus rapide du marché et la plus économe en énergie — et du module électronique, bulgare (?)**.
CSI a connu de grandes difficultés lors du déclenchement de l’actuelle crise économique mondiale, en 2008. Elle bénéficie en revanche de l’engouement dont semble aujourd’hui profiter la fabrication française. Dès le prochain automne, les consommateurs auront l’occasion, avec l’Ek’Oh, de prouver leur nouvel intérêt pour le made in France. Et pour la créativité d’entreprises locales à taille humaine.

Ek’Oh de Malongo : machine expresso made in France.

* Mise à jour 2018 : c’est à présent S20 Industries, une ancienne usine du groupe Fagor Brandt désormais indépendante, qui fabrique désormais les les machines Ek’Oh.
* * Ce module est cependant équipé d’une puce ST Microelectronics fabriquée en région Paca.

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