La toute nouvelle Cité du Cinéma, à Saint-Denis. © Vinci

L’un des objectifs de Luc Besson, avec sa Cité du Cinéma tout juste inaugurée à Saint-Denis, est d’enrayer la fuite des tournages à l’étranger. Alors que les Etats-Unis ont Hollywood, les Allemands Babelsberg, les Anglais Pinewood, les Italiens Cinecitta ou les Chinois Hengdian World Studios, la France ne disposait jusqu’à présent d’aucun équivalent. Cela même alors qu’elle est le premier producteur de longs métrages en Europe et l’un des seuls à ne voir les écrans de ses salles de cinéma monopolisées par les productions américaines.
Malheureusement, dès qu’une entreprise grossit, elle délocalise ! Si cette assertion est sans doute simpliste, elle se vérifie fréquemment. L’industrie cinématographique n’échappe pas à cette règle et plus les budgets sont importants, plus la délocalisation est la règle. Selon la Ficam, la Fédération des industries du Cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia, le taux de délocalisation des films dont le budget dépasse 10 millions d’euros a été de 69 % — en nombre de semaines de tournage — au cours du premier semestre 2012. Autant d’activité et de rentrées financières qui échappent donc aux professions techniques hexagonales pour bénéficier à leurs homologues belges, allemandes, espagnoles ou est-européennes. On assiste donc partout au même phénomène : les idées naissent en France ; la fabrication se fait ailleurs ; le produit fini revient et est vendu aux consommateurs français.
Avec la toute nouvelle Cité du Cinéma, les professionnels disposent désormais de neuf studios de tournage flambant neufs, d’installations de post-production, d’une salle de projection, etc., cela aux portes de Paris. D’aucuns prétendent déjà que ces installations high-tech et luxueuses seront inabordables pour beaucoup et que la mégalomanie de Luc Besson se transformera rapidement en gouffre financier et en échec. Peut-être. Mais peut-être pas. Les mêmes assurent de toute façon qu’ils est désormais impossible de produire quoi que ce soit dans l’Hexagone et que l’avenir se trouve nécessairement hors de ses frontières.