Le Nexter Aravis, mais avec un châssis et, sans doute, un moteur… © Nexter

Premier avertissement sans frais ? Nexter et Lohr, deux des leaders français de l’armement, sont actuellement dans l’incapacité d’honorer un contrat gagné auprès de l’Arabie Saoudite. Pourquoi ? Parce que le gouvernement allemand s’oppose à ce que Mercedes fournisse les moteurs et les châssis censés équiper leurs véhicules.
Un accord semble cependant pouvoir être trouvé entre Paris et Berlin début 2013… Soit. Cette menace d’un pays voisin et ami met cependant en lumière la fragilité des entreprises qui se fournissent en priorité à l’étranger lorsque c’est moins cher. Elles dépendent en effet du bon vouloir de pays qui, à un moment ou à un autre, peuvent avoir des intérêts divergents, voire opposés à ceux de la France. Et contrairement à ce que pensent industriels, investisseurs et gestionnaires, les politiques ont encore leur mot à dire… Les limites et les dangers de la politique industrielle suivie par les grandes groupes français depuis des années apparaissent chaque jour un peu plus. Après les énièmes déboires d’Alcatel, l’ultra-compétitive-entreprise-sans-usine si chère à M. Tchuruk, contrainte de mettre ses brevets en « gage » — c’est tout ce qui lui reste — pour obtenir un prêt de Goldman Sachs, voici donc les fringants fabricants français d’armement privés de moteurs et de châssis. Imaginons que demain, pour Dieu sait quelle raison, l’Hexagone soit contraint d’importer son acier, faute de production nationale. Qu’adviendrait-il si le ou les pays exportateurs jugeaient un jour préférable de ne plus lui en fournir ? Ils auraient fière allure les blindés made in France sans carrosserie, châssis ni moteur !