© Le Batard Custom Cycles

Depuis le tout début des années 1960, l’entreprise Léger fabrique des pièces mécaniques en métal pour l’aéronautique, l’électronique, les sports extrêmes ou les énergies renouvelables.
Il y a quelques années, en 2009, cette entreprise francilienne, qui commercialise ses produits sous la marque Le Batard, s’est lancée dans la fabrication de cadres de vélos. Mais pas « comme ça », à la va-vite… Benoît Le Batard, le dirigeant de cette affaire familiale, commence par racheter l’équipement, les outils et tout le matériel d’un cadreur, Alain Michel, qui cesse son activité. Il réussit ensuite à convaincre Daniel Hanart (Technicycle), un autre cadreur réputé, de quitter sa retraite pour se remettre au boulot et transmettre son savoir-faire et son expérience.

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Aujourd’hui, Le Batard Custom Cycles fabrique toute sorte de cadres de vélos sur mesure en acier, en inox et en aluminium. En revanche, pas de cadres en carbone. Pourquoi ? « Parce qu’à l’heure actuelle, si on est capable de fabriquer des cadres en carbone, on ne sait pas quoi en faire en fin de vie, explique Benoît Le Batard. En outre, produire un de ces cadres est très énergivore. Et puis qui sait aujourd’hui comment ce matériau vieillira ? » Cela n’empêche pas les marques de faire le forcing pour vendre ce type de produits high-tech, censés être plus performants. Mais c’est aussi — surtout ? – parce que c’est très bon pour les affaires : fabriqués à très bas coûts en Asie, ces cadres sont encore revendus très cher au client final occidental.
Chez Le Batard, on est toujours resté fidèle à l’acier. « Nous utilisons uniquement ce qui se fait de mieux en matière de tube, en l’occurrence du Colombus ou du Deddaciai made in Italy, du Reynolds venu d’Angleterre ou encore du Vitus, de l’Amadeus, du Tange… Ensuite, notre travail de conception, d’assemblage et de soudure nous permet de sortir des cadres aussi légers (de 1 à 1,3 kg) que ceux en carbone, ou presque. » En plus d’être moins cher, solide et fabriqué à proximité de l’Hexagone, l’acier a l’immense mérite d’être recyclable, mais aussi réparable, pour quelques dizaines d’euros seulement. Pour Benoît Le Batard, «il est parfois préférable de retaper un ancien modèle, même âgé de plusieurs dizaines d’années, que d’en acheter un neuf de mauvaise qualité. On peut également transformer un vélo de route en fixie. En fait, tout est possible…»

© Le Batard Custom Cycles

Le Batard Custom Cycles commercialise des cadres nus de toutes les tailles et de toutes les formes pour la route, la ville ou le tout-terrain. Ces cadres, peaufinés sur mesure, peuvent aussi être « habillés ». L’entreprise assemble alors des composants de qualité, choisis par les clients. Pour les montages vintage, Le Batard emploie même des pièces de fabricants français aujourd’hui disparus, comme Mafac ou Huret.
Le premier prix pour un cadre et une fourche sur mesure en acier est de 1 200 euros. Pour cette — coquette — somme, on s’offre un vélo made in France à ses mesures. Une machine légère et rigide, fabriquée pour durer. Un fidèle destrier que les prochaines générations chevaucheront à leur tour dans vingt, trente ou cinquante ans. Et pourquoi pas dans un siècle ? Après tout, Le Batard Custom Cycles vient bien de redonner sa très lointaine jeunesse à un vélo fabriqué à la fin du XIXe siècle ?