A la maison, en entreprise, au parlement ou au gouvernement, l’égalité homme-femme n’est pas encore d’actualité dans l’Hexagone. Toutes les études montrent en effet que les femmes gagnent en moyenne près de 30% de moins que les hommes à compétences égales, que seules 27% des parlementaires sont des femmes — ce qui constitue cependant un record ! — ou encore que, malgré un plus grand investissement des hommes à la maison ces dernière années, les tâches ménagères sont encore majoritairement féminines. Il y a pourtant un domaine dans lequel les femmes prennent leur revanche sur les hommes : entre 2008 et 2009, 350 000 emplois masculins ont été supprimés, contre seulement 30 000 féminins*. Au total, 92 % des Français qui ont perdu leur travail à cette période sont des hommes ! Plusieurs explications sont avancées pour expliquer cette inégalité, notamment celle selon laquelle les licenciements concernent surtout l’industrie, où les femmes sont moins présentes. Selon Philosophie Magazine, qui cite des économistes du Massachussets Institute of Technology (MIT), le facteur éducatif jouerait également un rôle prépondérant dans cette différence de traitement. Les hommes seraient ainsi de plus en plus à la traîne, distancés par les femmes dès les premières années d’école. Un phénomène surtout sensible dans les couches les plus défavorisées de la population. Dans les CSP supérieures, les petits garçons tiendraient leur place. Ou peut-être cela a-t-il à voir avec les changements opérés récemment au sein des conseils d’administration des entreprises, où les femmes sont de plus en plus présentes. Ou encore avec les salaires inférieurs des femmes dans ces mêmes entreprises. Après tout, licencier tous les hommes pour les remplacer par des femmes, au moins aussi diplômées et compétentes, aurait le mérite de faire baisser le coût du travail en France, comme ne cesse de le réclamer le patronat. Une option radicale qui permettrait en outre de laisser du temps aux hommes pour découvrir les vertus du ménage, de la cuisine et de l’éducation des enfants. Mais alors ce n’est pas la parité homme-femme qui se dessine, mais une inégalité inversée. Pas sûr que ce soit préférable.

* La Crise qui vient, de Laurent Davezies, publié en 2012 (Seuil). L’auteur indique également qu’entre 1982 et 2006, les femmes ont bénéficié de 84% des créations nettes d’emplois du pays.