Robert Clergerie, chaussures made in France

Il y a deux ans environ, Robert Clergerie passait sous pavillon chinois. Atteint par la limite d’âge et faute de repreneur en France, le fondateur de l’entreprise a en effet dû se résoudre à vendre pour la deuxième fois l’entreprise qui porte son nom — il l’avait rachetée en 2005 pour empêcher sa disparition — , à un fonds d’investissement de Hongkong. Le nouveau propriétaire, RC Holdings, est une société créée en partenariat par le fonds d’investissement de Li & Fung — un géant chinois de l’habillement — et le Français Jean-Marc Loubier, un ancien de chez LVMH. Objectif des deux frères fondateurs de Li & Fung : créer un groupe de luxe, à l’image de Kering (ex PPR), de LVMH ou de Richemont. Contrairement à ses prestigieux concurrents cependant, le groupe chinois entend réunir en son sein des marques européennes sous-valorisées, moins connues et donc moins chères à l’achat. Outre Robert Clergerie, ils ont ainsi coup sur coup mis la main sur le Français Sonia Rykiel, sur le Franco-Italien Cerruti, sur le Belge Delvaux en encore sur l’Anglais Hardy Amies. Aujourd’hui, qu’en est-il de Robert Clergerie ?« Ça va plutôt bien, les nouveaux propriétaires investissant comme ils l’avaient promis pour assurer le développement de Clergerie, à l’étranger en particulier », assure la responsable du magasin qui, à Romans, jouxte l’atelier de fabrication. Pourquoi à l’étranger ? « Parce que les acheteurs français n’ont pas les moyens de s’offrir du made in France ou, s’ils les ont, ils préfèrent le plus souvent acheter plusieurs paires importées… Ce qui est sûr en revanche, c’est que les acheteurs chinois aisés n’ont pas envie de payer très cher des produits de marques françaises fabriqués à côté de chez eux. Ce qu’ils veulent, c’est que la fabrication soit aussi française ! »

Maintenir la production en France

En cet été 2013, l’heure n’est pas à la délocalisation de l’outil de production, mais plutôt à son renforcement, l’intention de la direction étant de monter en gamme pour clairement positionner les marques Robert Clergerie (femmes) et Joseph Fenestrier (hommes) sur le marché du luxe. Jusqu’à présent, l’effort a essentiellement porté sur la valorisation des collections femmes, par le biais notamment d’une importante communication en Asie. Mais la marque homme, dont la production est aujourd’hui confidentielle, va très prochainement montrer en puissance. A l’heure actuelle en effet, une vingtaine de paires homme seulement sortent chaque jour de l’atelier romanais, cela pour assurer le réassort des corners Joseph Fenestrier des grands magasins de la capitale et celui de la boutique parisienne. « A priori, la griffe homme va changer quelque peu, nous confie la responsable : il ne s’agira plus de Joseph Fenestrier, mais probablement de “Robert Clergerie, pour Joseph Fenestrier**”… » Quels que soient leurs noms, les chaussures de luxe made in Romans ont donc encore un avenir. Un avenir qui ne semble cependant pas devoir être assuré ni par les investisseurs* ni par les consommateurs français, mais par leurs homologues asiatiques…

 * Les chaussures Louis Vuitton, Berluti et Hermès sont fabriquées en Italie. Hermès possède également la marque John Lobb, qui produit en Angleterre.

Robert Clergerie, chaussures fabriquées en France pour femme et, désormais, pour homme également

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