Hermès et Louis Vuitton, porte-drapeaux du luxe à la française.

La maroquinerie de luxe semble avoir plus d’avenir en France que la lingerie fine. L’atelier Lejaby d’Yssingeaux (Haute-Loire), qui a sombré en 2012 avec 80 salariés à son bord, se porte ainsi désormais très bien. Repris par la Sofama, l’atelier a changé de nom — il s’appelle désormais Les Ateliers du Meygal — et a été transformé en spécialiste du travail du cuir pour les grandes marques de luxe françaises. Aujourd’hui, Les Ateliers du Meygal emploient 180 personnes et s’apprêtent à créer 150 nouveaux emplois aux cours des deux prochaines années. Une nouvelle usine doit d’ailleurs être construite d’ici à la fin 2018. Selon la directrice administrative, financière et RH des Ateliers du Meygal, ces nouveaux emplois sont ouverts à tout le monde, sans conditions de formation ni d’âge. Il suffit d’envoyer sa candidature, l’entreprise se chargeant de former les nouveaux venus. Pour répondre à la demande grandissante de ses clients (Louis Vuitton et Chanel notamment), une école va d’ailleurs être très prochainement mise sur pied à proximité de l’entreprise, l’objectif étant à terme d’en faire une formation à la haute maroquinerie pour l’ensemble de la filière.
Ce sont au total 250 emplois que la groupe Hermès va quant à lui créer sur deux nouveaux sites de production, à Saint-Junien (Haute-Vienne), où Hermès à acquis une ganterie coopérative en 1998, et à Val-de-Reuil (Eure). Ces usines, la première inaugurée le 9 juin et la seconde le 13, fabriquent et fabriqueront des gants — la spécialité de Saint-Junien — et de la petite maroquinerie (porte-feuille, porte-monnaie…).

Sacs Ateliers Auguste : les derniers fabriqués en France…

Si la création de ces nouveaux ateliers et la conversion réussie de l’ex-Lejaby sont de bonnes nouvelles, elle sont en revanche le reflet d’une tendance regrettable : la main-mise progressive des géants du luxe français (Louis Vuitton, Chanel, Hermès) sur la filière cuir de l’Hexagone. Ateliers et tanneries sont effet progressivement rachetés par ces grands groupes, tandis que les sous-traitants indépendants acceptent de moins en moins de travailler pour les marques moins prestigieuses.
Ateliers Auguste en a ainsi récemment fait l’expérience, son fabricant lui imposant, après un changement de direction, une augmentation substantielle des tarifs de fabrication. Faute de notoriété suffisante pour pouvoir répercuter cette augmentation sur ses prix vente, la petite marque parisienne n’a eu d’autres choix que de rechercher un autre prestataire en France. En vain. Dès lors, une seule alternative : mettre la clé sous la porte ou trouver un fabricant, ailleurs. Résultat : les sacs et la petite maroquinerie Ateliers Auguste sont aujourd’hui fabriqués en Italie et au Portugal. Et il faut bien reconnaître que la qualité de fabrication n’a en rien pâti de cette délocalisation forcée, bien au contraire. Tant pis pour la maroquinerie made in France qui risque, à terme, d’être réservée aux clients asiatiques, russes, américains et accessoirement français les plus fortunés. Les luxueux et inabordables produits Hermès fabriqués dans l’Hexagone sont ainsi exportés à près de 90%. Pas sûr cependant que ces exportations suffisent à compenser les importations de produits bas, moyen et désormais haut de gamme destinés à l’essentiel des consommateurs français.

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