Les doudounes Moncler, les coupe-vent K-Way et les carnet de notes à élastique et couverture de moleskine chers à Hemingway, à Céline ou à Picasso : ce sont trois produits emblématiques du style, de la qualité, du savoir-faire, bref du patrimoine artisanal et industriel français. Trois symboles aussi de l’incapacité de l’Hexagone à faire vivre ce patrimoine, puisque tous trois se sont progressivement éteints avant de renaître, mais grâce à d’autres. Point commun de ces renaissances ? La reprise en mains par des entrepreneurs italiens* qui, eux, ont su voir la valeur de ces marques et produits. Moncler est à cet égard exemplaire qui, de moribond, est devenu en quelques années seulement un acteur majeur du prêt-à-porter de luxe, en combinant l’héritage français au style et aux talents marketing italiens.
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Une moto Peugeot P 515 de 1934 et un cyclo Peugeot 103 de 1974. Et demain ? © Peugeot

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Même si Peugeot Scooters n’est pas devenu italien — l’entreprise est aujourd’hui à majorité indienne —, c’est néanmoins un transalpin qui la dirige depuis un an. Comment ce nouveau patron entend-il faire redémarrer l’entreprise française, en panne depuis plusieurs années ? En adoptant d’abord un positionnement plus haut de gamme — à l’image de ce que Peugeot fait pour ses voiture — et en abandonnant notamment l’importation de petits scooters chinois. Ensuite, en mettant sur le marché des deux-roues électriques, plus en phase avec les nouvelles normes environnementales et les aspirations des consommateurs, que ne le sont des 50 cm3 pétaradants. Enfin, en faisant revivre l’histoire de Peugeot : il est ainsi question de relancer la fabrication du légendaire 103, en version électrique, et de fabriquer à nouveau de vraies motos, comme Peugeot le faisait tout au long de la première moitié du 20e siècle. Le marché de la moto « urbaine » et rétro est aujourd’hui en plein boum et profite notamment à des marques françaises comme Mash et Orcal, qui conçoivent leurs machines en France avant de les faire fabriquer en Chine. Alors que ces entreprises, qui partent de rien ou presque, ont réussi à s’imposer rapidement sur ce nouveau marché, comment Peugeot, qui dispose d’une vraie histoire de fabricant de petites motos, peut-il en effet en être totalement absent ?
Prochaines échéances : le retour à l’appellation Peugeot Motocycles (au lieu de Peugeot Scooters) ; la présentation d’une première moto au prochain Mondial de l’automobile et enfin la commercialisation de trois deux-roues électriques, d’ici à 2020.

* Les industriels suisses ont eux aussi un talent certain pour faire vivre ou revivre des « pépites » tricolores : ils se cachent ainsi derrière les marques Le Coq sportif, Lacoste (via le fabricant Devanlay), Lafuma, Eider, Oxbow, Millet, Aubade, etc.

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