Les habitants de la Résidence Florestine, à Bordeaux, sont chauffés gratuitement. © Moon Safari
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Dans les Ardennes, la chaleur produite par les fours d’une fonderie fournissent le chauffage de 3 200 logements alentours. Dans le Nord, les gaz dégagés par des hauts-fourneaux vont être récupérés pour, en 2020, chauffer bâtiments publics, hôpitaux et habitations, soit l’équivalent de 3 000 logements. Dans les deux cas, les tarifs proposés aux consommateurs sont ou seront inférieurs de 15 % environ à ce qu’ils sont pour des installations au gaz naturel, importé. Les projets de ce type, soutenus et financés par l’Etat, ont en revanche une limite au moins : ils nécessitent la présence d’industries lourdes et les moyens techniques et financiers de grandes entreprises. C’est ainsi Dalkia (EDF) qui exploite la chaleur de la fonderie de PSA implantée à Charleville-Mézières, et Engie Cofely qui va construire à Grande-Synthe les infrastructures de récupération des gaz produits par l’aciérie d’ArcelorMittal.

C’est la chaleur produite par la fonderie PSA de Charleville-Mézières qui est récupérée par Dalkia pour chauffer plus de 3 000 logements. © Dalkia

Pour autant, la valorisation de gaz ou de chaleur fatals — c’est-à-dire gaspillés et jusqu’à présent très largement inexploités ­— peut aussi s’opérer à des échelles bien plus modestes. A Bordeaux, les 49 logements d’une résidence neuve construite par Gironde Habitat vont être chauffés par des radiateurs-ordinateurs. Développés par Qarnot Computing, une start-up francilienne, ces élégants appareils baptisés QH-1 hébergent des micro-processeurs. Ils reliés via Internet à des entreprises, des universités, des centres de recherche ou des banques qui ont besoin de très importantes capacités de calcul*. La solution de Qarnot Computing leur permet d’externaliser leur parc informatique, de démultiplier leur puissance de calcul tout en réduisant leurs dépenses d’électricité. La climatisation, nécessaire au refroidissement des ordinateurs, est en effet très énergivore. A contrario, lorsque ces ordinateurs tournent à plein régime, ils chauffent les appartements où ils sont implantés. Un QH-1, qui produit une chaleur douce dite à haute-inertie, est capable de chauffer une pièce de 30 m2, correctement isolée. Et la facture ? Elle est automatiquement remboursée par Qarnot Computing. Petits plus : les utilisateurs bénéficient même du wifi embarqué dans le QH-1…

L’élégant radiateur-ordinateur QH-1 développé par Qarnot permet de se chauffer gratuitement. © Qarnot Computing

Ces sont également des ordinateurs, ou plus exactement des chaudières numériques, que Stimergy installe dans des immeubles, des bâtiments collectifs ou des équipements sportifs. Là aussi il s’agit de récupérer et de valoriser la chaleur d’ordinaire produite en pure perte. L’entreprise grenobloise a par exemple implanté une chaudière numérique, autrement dit un mini-data center, sous la piscine de la Butte aux Cailles, à Paris. Le chauffage partiel du bassin nordique permet à la Ville à la fois d’économiser 45 tonnes de CO2 et de réduire ses dépenses énergétiques. Quant à TeamTo, le studio français de création 3D qui a confié ses ordinateurs à Stimergy, il fait lui aussi des économies sur sa facture d’électricité, sans que cela nuise à sa créativité ni à sa productivité. Ses dirigeants ont en plus, selon leurs dires, la satisfaction d’agir pour le bien-être de la communauté

*Un data center de taille moyenne consomme chaque année autant d’électricité qu’une ville de 10 000 habitants.