Si la fusion va jusqu’à son terme, le siège du nouveau groupe automobile formé par le Français PSA et l’Italo-Américain FCA sera implanté aux Pays-Bas, où se trouve déjà celui du second. Ce petit pays a en effet l’intérêt d’être neutre, mais surtout d’être un paradis fiscal au sein de l’Union européenne…
Dans le même temps, ou presque, une autre entreprise multinationale entend faire le chemin inverse. Constellium, un des leaders mondiaux de l’industrie de l’aluminium, souhaite en effet quitter les Pays-Bas pour installer son siège social à Paris. L’entreprise a en effet convoqué une assemblée générale extraordinaire le 25 novembre prochain, à Amsterdam, pour approuver cette décision.
Pour mémoire, Constellium est une entreprise relativement récente, créée en 2011 pour réunir en un même ensemble certaines activités du Canadien Alcan, du Suisse Alusuisse, de l’Anglo-Australien Rio Tinto et du défunt Français Pechiney. Pour refaire rapidement l’histoire, Alcan avait au préalable fusionné avec Alusuisse en 2000 ; le nouveau groupe s’était ensuite emparé de Péchiney en 2003, avant d’être à son tour absorbé par Rio Tinto. Puis en 2011, ce dernier s’est débarrassé d’une partie des métiers d’Alcan — engineered products —, qui sont alors devenus Constellium…
La probable installation du siège de l’entreprise à Paris est donc, en quelque sorte, une renaissance de Pechiney, sous une autre forme, plus de quinze ans après la disparition du Groupe.
Aujourd’hui, Constellium compte plus de 25 sites de production dans le monde — dont 8 aux États-Unis et 6 en France — et emploie environ 13000 personnes. Environ 35% de ces salariés travaillent dans l’Hexagone, 27 % aux USA et 21 % en Allemagne.
Son activité est divisée en trois spécialités principales : l’industrie automobile, les transports et l’emballage. Si, et ce n’est pas une surprise, l’essentiel de l’activité automobile se concentre outre-Rhin, c’est en France que se trouve le cœur de l’activité transports. Constellium y fournit les industriels de l’aéronautique en particulier, mais aussi ceux qui fabriquent des camions, des remorques, des bus ou encore des trains.
La troisième grande spécialité maison est l’emballage, à savoir les canettes d’aluminium, les boîtes de conserve, les contenants pour l’industrie des cosmétiques, etc.
Les économies d’énergie et la transition énergétique sont particulièrement porteuses pour l’entreprise : l’aluminium permet en effet de construire des véhicules et des avions plus légers — tout en étant aussi, voire plus résistants —, qui par conséquent consomment moins de carburant. C’est l’une des raisons du succès rencontré par Airware®, un des produits phares de Constellium, plébiscité tous les grands constructeurs d’avions à travers le monde.
L’aluminium est à sa façon un matériau écologique, en dépit de l’énergie que sa production nécessite, puisqu’il est intégralement et indéfiniment recyclable. Et c’est en France, au XIXe siècle, qu’est véritablement né ce métal léger, via notamment les premiers procédés de production industrielle. Ces premiers pas et les suivants ont été pour l’essentiel faits dans ce que l’on appelait alors la vallée de l’aluminium, autrement dit la vallée de la Maurienne ; qui comptait alors jusqu’à six usines de production. Aujourd’hui, il n’en reste plus que deux, sur l’ensemble du territoire.
