La France possède le deuxième plus important gisement pour l'éolien offshore en Europe.
En termes d’éolien offshore, la France dispose du 2e gisement potentiel en Europe. © DR

La transition énergétique se met, lentement, en marche dans l’Hexagone. Au cours des dernières semaines, plusieurs informations confirment en effet que le temps des atermoiements est peut-être révolu, et que celui de l’action a peut-être enfin sonné.
Les derniers recours, qui ont longtemps bloqué la construction des parcs éoliens offshores le long des côtes françaises, ont ainsi été rejetés, tandis que des sites industriels sont désormais opérationnels et que de nouveaux sont programmés.

Un immense potentiel offshore

Ainsi, c’est d’abord l’usine de Saint-Nazaire qui a entamé l’assemblage des éoliennes de General Electric — ex Alstom —, puis celle de Cherbourg qui a produit les premières et immenses pales de LM Wind, qui équipent les éoliennes GE. Ces éoliennes, qui seront déployées au large de Guérande, près de Saint-Nazaire, produiront alors suffisamment d’électricité pour alimenter 20 % de la population de Loire-Atlantique.
Dans les prochains mois, deux nouveaux sites de production seront construits au Havre par Siemens Gamesa Renewable Energy. Le premier se consacrera à la fabrication des nacelles, le second à celle des pales. Une fois assemblées, ces éoliennes seront installées en mer au large de Dieppe-Le Tréport d’un côté et à proximité des îles d’Yeu et de Noirmoutier de l’autre.
Pour compléter les six parcs éoliens — Saint-Brieuc, Courseulles-sur-Mer, Fécamp, Saint-Nazaire, Tréport et Yeu-Noirmoutier — , attribués il y a plusieurs années déjà — mais bloqués depuis par les recours —, l’Etat à décidé de lancer trois appels d’offres supplémentaires pour des parcs offshores implantés à Dunkerque, en Manche Est et en Mer du Nord. Pour rappel, la France dispose en effet, en termes de production d’électricité en mer, du deuxième gisement potentiel en Europe, après la Grande-Bretagne.

Fabrication d’une génératrice d’éolienne General Electric, à Saint-Nazaire. © General Electric


Stocker l’énergie renouvelable

Un des arguments que les détracteurs des énergies renouvelables évoquent pour s’y opposer est l’intermittence de celles-ci. Et en effet, que faire pour l’éolien lorsqu’il n’y pas de vent, ou pour le solaire pendant la nuit ou les sombres journées d’hiver ?
La solution est de stocker l’énergie produite « quand tout va bien » pour pouvoir l’utiliser pendant les « périodes creuses ». C’est précisément la spécialité de HDF, autrement dit de Hydrogène de France, une jeune entreprise créée en 2012. HDF a annoncé un investissement de 15 millions d’euros pour la construction d’une usine de fabrication de piles à combustible géantes, à Bordeaux. Elle a pour cela signé un contrat de transfert de technologie avec le Canadien Ballard, un des leaders mondiaux de la spécialité. L’usine de 8 000 m2 devrait pouvoir produire 50 MW de piles à combustible (PAC) chaque année, sous la forme de containers de 1,5 MW chacun. L’objectif de cette usine et de ces PAC sera de retransformer l’hydrogène — qui au préalable était de l’électricité renouvelable — en électricité, cela à l’échelle industrielle. Ce qui par conséquent permettrait d’apporter un remède à la fameuse intermittence…

Hydrogène de France va construire à Bordeaux une usine de fabrications de piles à combustible géantes.
Piles à combustible géantes que HDF entend fabriquer en série dans sa future usine, à Bordeaux. © Hydrogène de France


Cellules de batteries

C’est toujours et encore une question de stockage d’énergie qui motive le projet mené conjointement par PSA et par Saft. Les deux industriels français ont en effet annoncé leur intention de construire une usine de production de cellules de batteries en France. Si un site-pilote verra préalablement le jour en Gironde, où est implantée Saft, la future gigafactory ­— qui semble devoir être le nom donné aux grosses usines de production de batteries —, qui devrait permettre l’embauche de 2 500 personnes, pourrait être implantée dans les Hauts-de-France. Le site-pilote et la future méga-usine figureront alors parmi les premières réponses que l’Europe souhaite apporter au développement de la voiture électrique. Il s’agira aussi de ne plus dépendre totalement des fabricants de cellules et de batteries chinois, coréens et japonais, qui occupent la quasi-totalité du marché.
Si tout se passe comme prévu, tous ces champs éoliens offshores et sites de production de PAC et batteries devraient être opérationnels en 2022-2023. L’EPR de Flamanville devrait lui aussi entrer en service en 2022, avec dix années de retard. À moins qu’un nouveau délai ne soit encore nécessaire ou que cette centrale nucléaire reste, définitivement, à l’état de projet.