Voiture électrique Citroên.
Les batteries sont au cœur de la transition énergétique. D’où l’importance d’en fabriquer… © Pixabay

Aujourd’hui, il ne peut y avoir d’industrie ni de circulation automobiles sans pétrole. Demain, il ne pourra y avoir de « mobilité électrique » sans batteries. En d’autres termes, les batteries sont le pétrole du futur. Partant, on comprend qu’industriels et autorités s’affairent pour ne pas être bientôt totalement dépendants des pays qui en seront fabricants, comme ils le sont des pays producteurs d’or noir. Malheureusement, la bataille semble bien mal engagée. Aujourd’hui, en effet, l’Asie — Chine, Corée du Sud et Japon — jouit d’un quasi-monopole sur la fabrication des batteries. Alors que c’est le moteur thermique qui constitue le cœur d’une automobile « traditionnelle », ce sont les batteries qui sont celui d’un véhicule électrique. S’ils se contentent d’acheter cet élément essentiel à des fournisseurs, les constructeurs automobiles risquent de voir leur rôle, leur importance et leurs revenus fortement diminuer à l’avenir.


Des batteries d’un nouveau genre

L’Hexagone, qui est rarement en avance sur ses concurrents, ne l’est pas davantage dans ce domaine. Pour autant, il n’est pas particulièrement en retard non plus. Des start-ups travaillent ainsi sur des solutions d’avenir, des technologies de rupture, comme disent les spécialistes, tandis que quelques grands acteurs remportent des succès prometteurs. Parmi les premières, Tiamat Energy entame ainsi la production en série de batteries sodium-ion, qui présentent nombre d’atouts par rapport à leur équivalent lithium-ion. Parmi eux figurent la relative abondance et une meilleure répartition des gisements de sodium. Le lithium est en revanche très rare et concentré dans quelques pays seulement. Le temps de recharge de ces nouvelles batteries serait en outre dix fois plus court, ce qui est un avantage considérable. Cette jeune pousse a été créée à l’initiative de chercheurs du CNRS, qui travaillent sur ce nouveau type de batteries depuis plusieurs années. L’entrée en production de leur « bébé » est donc une première concrétisation.
Pour reprendre l’explication qui est donnée sur le site Internet de l’entreprise, Nawa Technologies développe quant à elle « de nouvelles solutions pour améliorer la conversion, le stockage, le transport et l’efficacité énergétique, en mettant en avant le carbone comme matériau de choix, matière première abondante, accessible et naturelle, tout en recherchant à minimiser l’impact environnemental (des) procédés de fabrication et la fin de vie (des) produits ». L’objectif de Nawa Technologies est de fabriquer les électrodes de cellules de batteries qui seront utilisées pour des usages qui nécessitent de stocker et de livrer de fortes puissances électriques, très rapidement. C’est le cas notamment de la mobilité électrique ou encore du petit outillage, électrique lui aussi. Quelques contrats avec des industriels ont déjà été signés.
Recherches et innovations sont donc au rendez-vous ; déboucheront-elles sur des réalisations industrielles tangibles, à même d’aider l’Hexagone à combler son retard ? À voir…

Saft va fabriquer puis installer en Finlande le plus grand dispositif d'Europe du Nord de stockage d'énergie produite par des éoliennes.
Saft va fabriquer puis installer en Finlande le plus grand dispositif d’Europe du Nord de stockage d’énergie produite par des éoliennes. © Saft


Deux premières usines de fabrication de cellules

À l’opposé de ces deux petites structures de quelques dizaines de salariés seulement figurent Total et sa filiale Saft. Si le géant pétrolier a acheté le fabricant de batteries en 2016, c’est qu’il compte bien se mêler à la bataille des batteries et de la « mobilité propre », pour contrebalancer le recul annoncé de la « mobilité sale ». En s’emparant de Saft, Total a en effet mis la main sur le leader mondial des batteries de hautes performances à destination de l’aviation, du spatial et du ferroviaire notamment. Saft dispose d’une expertise ancienne et reconnue internationalement, ainsi que de nombreux sites de production, en France notamment. Elle a récemment signé un accord avec un grand groupe chinois pour produire, en Chine, des cellules de batteries, ce composant essentiel qui fait cruellement défaut aux industriels européens. Saft, PSA et des partenaires allemands vont prochainement construire une première usine de fabrication de cellules en France, grâce notamment aux subventions allouées dans le cadre d’un grand projet européen. Elle devrait entrer en service à la fin de l’année 2020. Un deuxième site de production, implanté en Nouvelle-Aquitaine — région d’origine de Saft —, devrait quant à lui employer 2 000 personnes et commencer à produire des cellules de batteries en 2022.
Enfin, fin novembre 2019, Saft a été choisie pour stocker l’énergie produite par des éoliennes en Finlande. Il s’agira de mettre en place le plus grand système de stockage lithium-ion — fabriqué à Bordeaux — jamais installé dans un pays scandinave. Il permettra à terme d’emmagasiner l’énergie produite par un parc éolien de 21 MW. Ce n’est certes pas de la mobilité électrique, mais c’est un autre volet capital de la transition énergétique.
Peut-être que, finalement, tout n’est pas encore perdu…