Deux banques françaises figurent parmi les dix les plus riches de la planète, quatre parmi les vingt…

Il est parfois difficile, voire impossible de valoriser certains savoir-faire made in France ; et il y des champions qu’on préférerait ne pas avoir… Les banques françaises sont ainsi championnes d’Europe des frais bancaires ! Pour chaque rejet de prélèvement, nos chères banques tricolores prélèvent ainsi en moyenne 18 euros. Elles punissent ainsi ceux-là même qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts en ponctionnant leurs maigres compte… Ces frais ne sont que de 12 euros en Italie et de 7,50 en Belgique. Bons derniers dans ce classement des meilleurs profiteurs, les banquiers allemands ne prélèvent que 3 euros par incident, soit, tout de même, six fois moins ! Pas étonnants que les établissements tricolores soient en meilleure santé financière que leurs homologues d’outre-Rhin. D’autant que les ponctions effectuées par les BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et autres Banques dites Populaires ne se limitent pas aux incidents. Elles prélèvent à tout-va, même quand tout va bien. Frais de tenue de compte, frais pour envoi de ceci ou de cela, abonnement Internet, cartes bancaires facturées plusieurs dizaines d’euros chaque année, assurances et conventions en tous genres, les moyens ne manquent pas de grappiller quelques sous. Ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières ? Et ça fonctionne à merveille : parmi les dix banques les plus riches au monde, en termes d’avoirs et de patrimoine, la Chine (1,4 milliard d’habitants) compte quatre établissements — aux quatre premières places —, les États-Unis (326 millions) deux et la petite France deux également ! On sait aussi que, malgré leur richesse, les banques tricolores ne remplissent pas leur rôle de soutien aux entreprises et à l’économie. C’est en grande partie leur aversion au risque qui a incité les pouvoirs publics à créer la BPI, Banque publique d’investissement, et à jouer le rôle qui devrait être le leur.

Nouvelles ou anciennes, les banques françaises facturent plus de frais que leurs concurrentes…



Banques nouvelles, pratiques anciennes

Avec le développement du numérique et l’arrivée de nouveaux acteurs, cette fâcheuse habitude — pour les clients, pas pour les banques bien sûr… — aurait pu disparaître. Or il n’en est rien. Les « nouvelles banques » françaises, comme on surnomme ces start-up qui proposent comptes en ligne et applis, reproduisent peu ou prou le modèle des banques traditionnelles. Elles sont certes beaucoup « moins chères » que les vieilles banques, mais elles le sont plus que leurs concurrentes étrangères.
Appliqués aux particuliers, ces frais le sont également, et même davantage encore, aux professionnels en tout genre. Ainsi, alors que la banque britannique Revolut ou l’Allemande N26 facturent 0 euro pour la gestion quotidienne d’un compte professionnel basique, pour free-lance ou micro-entrepreneur, les françaises Shine ou Qonto demandent respectivement 7,90 euros et 9 euros par mois, soit 94,80 et 108 euros par an.

Pas d’offres vraiment basiques côté français

Pour ce tarif, les deux établissements tricolores prévoient 20 virements gratuits, Shine prélevant ensuite 0,4 euro par virement supplémentaire, Qonto 0,5 euro. Dans son offre gratuite, Revolut intègre seulement 5 virements-prélèvement gratuits, puis ajoute 0,2 euro pour chaque opération supplémentaire. En effet, un free-lance a-t-il besoin d’effectuer 20 virements-prélèvements chaque mois sur son compte professionnel ? Pour autant, les 5 proposés par Revolut peuvent ne pas suffire, auquel cas il suffit d’en effectuer quelques-uns à l’occasion. À 0,2 euro l’unité, il y a de la marge avant d’atteindre le montant des frais mensuels de Shine et Qonto. Les néo-banques semblent donc là aussi marcher dans les pas des anciennes, qui tendent à mettre en place des « forfaits » avantageux pour les gros utilisateurs, mais trop chers et surdimensionnés pour les autres.
Bien entendu, la banque britannique propose elle aussi des formules payantes. Pour 7 euros mensuels, elle permet ainsi à celles et ceux qui travaillent avec des clients étrangers, ce qui est de plus en plus fréquent avec les plates-formes en ligne, de pouvoir échanger jusqu’à 5000 euros par mois dans 28 devises, et réciproquement, sans le moindre frais. Cette formule comprend en outre 20 prélèvements-virements gratuits et de très nombreux autres services, notamment l’automatisation des paiements grâce à l’intégration de logiciels comme Xero, Quikbooks ou Freeagent, ou encore les notifications en temps réel pour les événements qui se produisent sur le compte. Jusqu’au 28 février, Revolut offre même 50 euros pour l’ouverture d’un compte pro payant…

Avec la carte du Britannique Revolut, on peut payer à l’étranger dans 150 devises, sans le moins frais…

Idéale en voyage…

Cette néo-banque est également très intéressante pour les particuliers, puisque le compte Standard gratuit comprend, outre une carte Mastercard, la possibilité de retirer sans frais jusqu’à 200 euros par mois dans les distributeurs de billets, d’échanger jusqu’à 6 000 euros, sans frais là aussi, ou encore, lors de voyages à l’étranger, de dépenser dans plus de 150 devises au taux de change interbancaire. Revolut ne prélève rien lors des achats effectués avec sa carte. Ouvrir un compte en parallèle à son compte habituel peut donc être très intéressant pour qui voyagent beaucoup, pour raisons professionnelles ou privées. Pour qui souhaitent aussi ne plus être soumis aux frais de conversion entre monnaies que leur imposent systématiquement leurs banques.
La plus grande banque française se présente comme étant « la banque d’un monde qui change » . On aimerait qu’elle et ses concurrentes tricolores ne se contentent pas de s’adapter à ce monde en changement pour mieux en profiter, mais qu’elles changent elles aussi.