Pourquoi produire et polluer — forcément, même un petit peu — à nouveau quand ce n’est pas nécessaire ? Pourquoi ne pas utiliser ce qui existe déjà, quitte à modifier la « destination » initiale et faire autre chose ? Ces questions, les défenseurs du recyclage se les sont posées : mieux, ils ont choisi de prendre les choses en main, d’une manière ou d’une autre.
C’est très précisément ce qu’a fait la jeune créatrice des Récupérables, une marque de vêtements et d’accessoires confectionnés en France à partir de matières premières existantes. Il s’agit pour l’essentiel de textiles récupérés auprès de ressourceries, d’organismes comme Emmaüs, mais aussi de fins de rouleaux de marques du luxe. Au final, cela représente quantités de tissus qu’il faut ensuite transformer pour en faire des vêtements et des accessoires de mode. La confection est quant à elle confiée à des ateliers français d’insertion par le travail.
D’aucuns se disent sans doute que c’est un bon filon et que c’est facile de gagner de l’argent en récupérant du tissu ici et là et en faisant travailler des personnes peu qualifiées et mal payées. C’est effectivement une façon de voir… Pour autant, si l’on considère le prix du textile et de la main-d’œuvre dans certains pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et même d’Europe de l’Est, il est probable que cela coûte, de toute façon, beaucoup plus cher de fabriquer en France. Et ce même à partir de tissu recyclé par des personnes en réinsertion. En outre, en plus de fournir un débouché à des matériaux qui finiraient détruits, brûlés et d’offrir du travail à des femmes et des hommes qui en ont bien besoin, les circuits courts mis en place permettent de limiter les transports, la pollution, le gâchis énergétique, etc. Voilà pour les aspects environnementaux et sociétaux.
Et les produits dans tout ça ? Le prêt-à-porter Les Récupérables est tout ce qu’il y a de plus présentable et n’a absolument rien à envier aux productions d’autres marques, confectionnés ailleurs à partir de nouveaux tissus, par de la main-d’œuvre sous-payée.
Les pièces sont pour l’essentiel féminines — tops, bodies, jupes, robes, pantalons, bombers, manteaux… Au catalogue figurent également quelques jolis articles pour homme, comme des pantalons ou d’élégants blousons en velours à grosses côtes. Côté accessoires, on trouve des bandeaux, des porte-monnaie et des sacs, tout ça pour filles. Quel que soit le produit, on a peu de risques de retrouver le même à tous les coins de rue. Les Recyclables fait en effet fabriquer en petites séries, car il est rare que les « fins de rouleaux » ou les chutes de tissu permettent de fabriquer en quantités industrielles. Et il s’agit là d’un des charmes de ce genre de mode responsable et artisanale.
