Total va installer la plus grosse installation de stockage d'énergie, à Dunkerque.
Les conteneurs de stockage d’électricité Saft, filiale de Total, seront fabriqués en France, à Bordeaux. Saft/Total

Certains, écologistes en particulier, doutent de la sincérité de la conversion de Total au développement durable. Et si l’on considère le passé et le passif du géant pétrolier en la matière, on peut les comprendre. Le greenwashing est une pratique fort répandue, et les meilleurs — ou les pis — spécialistes en la matière officient le plus souvent au sein d’entreprises ou de groupes parmi les plus gros pollueurs. Méfiance, donc.
Pour autant, Total est très concrètement engagé dans la conversion énergétique, non pas par grandeur d’âme ni par amour pour la faune et la flore sauvage, bien sûr, mais parce que ça lui rapporte et que ça lui rapportera plus encore demain.
Le groupe est par exemple engagé depuis plusieurs années dans le développement de l’énergie solaire, grâce à la création et à l’achat de deux entreprises : le Français Tenesol — créé initialement à parité avec EDF — et, surtout, l’Américain SunPower. Les deux entités ont été réunies sous le nom de SunPower ; elles le seront prochainement sous celui de Maxeon Solar. Total Solar est aujourd’hui capable de développer des centrales solaires de A à Z, de l’élaboration du projet à la gestion finale de la centrale, en passant par la fabrication des cellules, l’assemblage des panneaux et la construction de ladite centrale. Le groupe pétrolier a récemment remporté d’importants projets en Espagne et en Inde. Les prestations proposées par Total vont désormais plus loin encore puisque, depuis le rachat du Français Saft, premier fabricant européen de batteries, Total est aussi capable de stocker l’énergie produite par les panneaux solaires. Avec cette nouvelle « corde à son arc », Total peut plus globalement proposer ses services de stockage pour d’autres énergies renouvelables. C’est ainsi que le groupe va installer 103 MWh de stockage pour RTE, ce qui fait de Total le principal bénéficiaire de l’appel à projets sur la flexibilité du réseau lancé par le gestionnaire du réseau d’électricité français. Ces onze conteneurs de batteries, qui seront installées à Dunkerque, seront fabriquées en France, à Bordeaux. Le groupe français se positionne également sur des appels d’offres de parc éolien offshore, mais sans succès à ce jour.

Panneaux solaires SunPower, filiale du groupe Total.
Total, via sa filiale américaine SunPower, est un important acteur du solaire. Total/SunPower

Toujours grâce à Saft, Total a pris pied sur le marché de la mobilité électrique, comme en témoignent les usines de fabrication de cellules et de batteries qui seront bientôt construites en France et en Allemagne, en association avec le groupe PSA (Peugeot, Citroën, DS et Opel). Et le groupe pourrait s’impliquer davantage à l’avenir s’il décidait d’implanter des bornes de recharge électriques dans certaines ou dans la totalité de ses 3 500 stations-service. Début 2020, une seule de ces bornes existe, dans une station d’Île-de-France.
Total est encore aujourd’hui une compagnie pétrolière et gazière. C’est toujours grâce aux énergies fossiles que l’entreprise tire l’essentiel de ses revenus. Cependant, la transition vers les énergies renouvelables est engagée. À l’image du parc automobile français — et plus largement mondial —, cette transition se fait très progressivement, mais sûrement.