Selon Railcoop, 30 % des gares françaises ne voient plus passer aucun train… © Pixabay/Ivablak

Il est aujourd’hui impossible d’aller à Bordeaux en train, à partir de Lyon, sans passer par Paris. À moins peut-être de prendre ici et là des trains régionaux et d’y passer une journée entière. Et encore… Ce cas d’absence totale de connexion directe entre de grandes villes de l’Hexagone n’est pas un cas isolé. Le réseau ferré de la SNCF privilégie en effet les liaisons Paris-province ou province-Paris, pas les province-province.
Un tout nouveau venu dans le monde ferroviaire a pour ambition de recréer un vrai maillage du territoire pour développer le transport ferroviaire et faire reculer la voiture. Le rail est en effet de très loin le plus sûr et le plus écologique des moyens de transport. Or, il est plus ou moins négligé depuis des décennies, en particulier celui des marchandises. Les mésaventures du dernier train de transport de primeurs entre Perpignan et Rungis l’illustre à merveille. L’Hexagone est en effet un des pays où la part du fret ferroviaire est la plus faible.Et, partant, où celle du transport routier est la plus importante. Quant aux transports de voyageurs, l’effort a porté depuis près d’un demi-siècle sur le développement du TGV, cela au détriment des lignes qui ne sont pas à grande vitesse.
Décembre 2020 marquera l’ouverture totale du marché ferroviaire à d’autres acteurs que la SNCF. Ce peut être l’occasion pour de grands opérateurs étrangers de prendre pied dans l’Hexagone et de concurrencer la SNCF. Ce peut être aussi la possibilité pour de tous nouveaux acteurs de se lancer dans l’aventure du rail, pour proposer des solutions non pas concurrentes, mais complémentaires de celles du grand opérateur tricolore.

Les premiers trains dès 2022 ?

Railcoop, une petit coopérative du sud-ouest qui réunit citoyens, cheminots, entreprises et collectivités, entend ainsi relancer le transport ferroviaire sur les lignes délaissées par la SNCF. Et selon Railcoop, 30 % des gares françaises ne sont plus desservies par un service ferroviaire. Un comble…
Premier projet : faire rouler des trains entre Bordeaux et Lyon, justement, et ce dès 2022. Cette ligne, qui a été abandonnée par la SNCF en 2012, desservira notamment les villes de Périgueux, de Limoges, de Guéret, de Montluçon et de Roanne. Soit au total 6 h 47 de voyage… Six liaisons quotidiennes sont dores et déjà prévues dès l’été 2022. Avant de faire rouler ces trains de voyageurs, Railcoop entend opérer des trains de fret en Occitanie, entre Decazeville et Toulouse.
Ces « nouvelles anciennes » lignes offriront une autre solution que la voiture ou le camion aux habitants et entreprises des villes et régions traversées. Elles permettront de diminuer la pollution atmosphérique et sonore, les accidents sur la route. Elles pourraient, aussi, à terme, offrir de nouveaux marchés à Alstom, qui vient de racheter le Canadien Bombardier et qui développe le train à l’hydrogène. Un train écologique qui roule en Allemagne, qui est testé au Pays-Bas, mais qui est toujours invisible dans l’Hexagone.