Tout a débuté en 1983. Fraîchement diplômée — elle est ingénieure agronome —, Myriam Joly s’installe dans une ferme du Tarn avec, « dans ses valises », un troupeau de chèvres angora. Elle entame ensuite la production de mohair…
Près de quarante années plus tard, son entreprise, l’Atelier Missègle, a grandi et emploie désormais 35 personnes. Ses deux garçons l’ont depuis rejointe pour faire de l’Atelier Missègle une entreprise familiale, attachée à son territoire, aux matières naturelles et aux savoir-faire traditionnels.
Ici, en effet, on travaille la laine mérinos, le mohair, l’alpaga, le yak, le cachemire, le coton, la soie, le fil d’Écosse, le lin, etc. On en fait des chaussettes — la grande spécialité maison —, des collants, des sous-vêtements, des pulls, des gilets, des étoles, des écharpes, des bonnets, des gants, des moufles ou encore des mitaines. Si l’entreprise produit essentiellement pour les hommes et les femmes, elle confectionne également des petits chaussons, des bonnets, des bloomers et des gilets pour les tout petits. Côté maison, l’atelier produit des plaids et des couvertures et des matelas, avec de la laine de moutons corses. Et puis n’oublions pas les pelotes de laine à tricoter ni les indispensables masques barrières. Enfin, Atelier Missègle commercialise les fabrications de partenaires locaux, comme des ceintures en cuir ou encore de superbes charentaises en cachemire, s’il vous plaît !


Produire peu, mais beau et durable

Les membres de cette entreprise pas comme les autres maîtrisent des pratiques qui ont souvent disparu ailleurs, comme le remaillage à la main. Cette technique permet de fabriquer des chaussettes sans coutures, particulièrement confortables et solides. Elle est aussi utilisée pour remailler les cols des pulls. Si cette petite entreprise garde jalousement ces trésors anciens, elle n’est pas pour autant coupée de son temps, bien au contraire. Les machines sur lesquelles travaillent les hommes et les femmes qui la composent sont en effet ultra-modernes. Grâce à elles, il est par exemple possible de fabriquer des pulls en 3D. C’est ce que les spécialistes appellent la technique du tricot intégral. Le pull sort du métier à tricoter en une seule pièce, sans couture ni surépaisseur. Un bon moyen de n’utiliser que la matière première nécessaire, pas davantage. De même, pour améliorer la solidité des chaussettes, les talons et les pointes sont renforcés par du fil Cordura©, une fibre — synthétique pour le coup — qui est notamment utilisée pour les sacs à dos, les treillis militaires, les tenues professionnelles, voire pour les amarres des bateaux. Peu de risques donc de voir apparaître talon ou orteils à travers la chaussette, après quelques utilisations seulement.


Recycler, réparer, éviter de gâcher

Lorsqu’un problème est décelé, sur un pull par exemple, il est soit proposé en deuxième choix si ce problème est léger, soit détricoté pour que sa laine soit récupérée et retravaillée. Missègle répare également les pulls des clients lorsqu’ils sont abîmés. Tout est systématiquement recyclé, tandis que la production en petites séries permet d’éviter le gâchis. L’énergie est elle aussi maîtrisée, via notamment des panneaux solaires, qui fournissent 60 % des besoins en électricité de l’entreprise. Quant aux hommes et aux femmes qui portent les créations maison sur les pages des catalogues ou du site Internet, ce sont fréquemment des salariés, des membres de leur famille, des amis, des voisins…
D’amont en aval, Atelier Missègle est une entreprise locale, responsable et à taille humaine. Et ce n’est malheureusement pas si fréquent.