Une usine d’assemblage du dirigeable Flaying Whales doit être construite près de Bordeaux © Flying Whales

Quel est l’objectif de l’entreprise Flying Whales ? Remplacer les camions par des dirigeables pour transporter certaines charges. Quels types de charges ? Si l’on en croit les actionnaires de l’entreprise — Bouygues, d’Air Liquide, l’Office national des Forêts (l’ONF) —, de charges particulièrement lourdes et encombrantes.
L’ONF est d’ailleurs impliqué depuis l’origine du projet, la finalité étant de pouvoir débarder du bois dans des endroits difficiles d’accès, en montagne notamment.
Le transport de gros éléments de bâtiments, de ponts ou encore des pâles d’éoliennes est également envisagé.
Longs de 200 mètres, gonflés à l’hélium et animés par une motorisation hybride électrique et thermique, les Flying Whales devront pouvoir parcourir plusieurs centaines de kilomètres à une vitesse de 100 km/h, tout en transportant jusqu’à 60 tonnes d’emport.
Autre point essentiel : être capables rester en vol stationnaire pour charger et décharger leur « cargaison ». À l’image en quelque sorte des gros hélicoptères qui remplissent le même office.

Un actionnaire chinois qui pose problème


Pour que les Flying Whales passent de l’état de projet à celui de réalité, l’entreprise doit à présent construire une usine, à la dimension de ces engins. Pour ce faire, elle ambitionne de construire une usine d’assemblage à Laruscade, près de Bordeaux, sur un site de 70 hectares. Le projet est d’ailleurs soutenu et en partie financé par la Région Nouvelle-Aquitaine.
Une autre usine doit également être construite au Québec et en Chine. Avic (The Aviation Industry Corporation of China) le gouvernement du Québec font en effet partie des actionnaires de l’entreprise. Après les batteries — Blue Solution —, les avions — Bombardier — et les trains — encore Bombardier —, les dirigeables sont donc une nouvelle illustration de la coopération franco-québécoise fructueuse dans la mobilité.
Si tout se passe comme prévu, l’usine québécoise de Flying Whales aurait l’exclusivité commerciale sur tout le continent américain. Problème : la présence de l’entreprise Avic, soupçonnée d’espionnage, fait tiquer outre-Atlantique, et plus particulièrement aux États-Unis, en pleine commerciale avec la Chine.
Au point, semble-t-il d’hypothéquer l’avenir des « Baleines volantes » ? Est-ce la raison du probable retrait de l’entreprise chinoise du capital de Flying Whales, évoqué par Les Echos ?

Initialement lancé aux États-Unis à des fins militaires, l’Airlander est désormais développé en Grande-Bretagne. © HAV

Passer du projet à la réalité


Pour autant, toutes les hypothèques ne sont pas levées. Nombreux sont ceux, outre-Atlantique notamment, qui doutent de la possibilité technique d’utiliser des dirigeables pour transporter du fret.
Les tentatives ont été nombreuses ces dernières années, sans jamais aboutir. Citons par exemple l’Allemand CargoLifter, qui a fait faillite en 2002, ou encore l’Américain Northrop Grumann, qui a abandonné et revendu le projet militaire LEMV (Long Endurance Multi-intelligence Vehicle) au Britannique HAV. Qui en poursuit désormais le développement
Les Français de Flying Whales y parviendront-ils ? Peut-être, peut-être pas…
D’autres technologies « d’hier », comme celle des avions supersoniques, sont remises au goût du jour. Ainsi, la start-up américaine Boom vient de vendre quinze appareils supersoniques à United Airlines, sans en avoir construit un seul.
Un autre Américain, Aerion, a quant à lui noué de prestigieux partenariats pour développer ce type d’appareil. Avant finalement de jeter l’éponge en mai 2021.
Pour mémoire, rappelons que les Français ont, avec les Britanniques, fait voler le Concorde en 1969 et l’ont exploité commercialement de 1976 à 2003.
Alors pourquoi ne réussiraient-ils pas à faire voler un dirigeable transporteur de fret ?