Un jeune français récompensé pour la qualité de son travail par l’horlogerie de luxe, cela ne se voit pas tous les jours. C’est pourtant ce qui est arrivé à Suliac Montfort, du lycée Edgar Faure de Morteau, dans le Doubs. Elève en 2e année de DMA (diplôme des métiers d’art) horlogerie, le jeune prodige de 23 ans a en effet été consacré par le jury du « F.A. Lange Watchmaking Excellence Award », organisé par la prestigieuse maison horlogère allemande A. Lange & Söhne. Une quarantaine de lycées étaient en compétition avec, pour objectif, la réalisation d’un indicateur de réserve de marche* basé sur un mouvement de montre de poche Unitas. Une fois les trois mois nécessaires à la fabrication écoulés, c’est donc le travail de Suliac Montfort qui a été primé. Verdict : « Le jury a décidé d’élire à l’unanimité la conception de Suliac Monfort, car son mécanisme proposait la solution la plus créative et alliait un design hautement fonctionnel à un affichage d’un niveau exceptionnel. »
Formation et jeunes talents existent donc toujours en Franche-Comté. Malheureusement pour l’économie hexagonale, ce sont les entreprises suisses qui en profitent le plus souvent, faute d’emplois en France. A moins que d’autres marques décident d’imiter Pequignet, installée à Morteau, justement, ou encore L.Leroy, qui a récemment inauguré un atelier à Besançon.
Après tout, la manufacture A. Lange & Söhne, qui a distingué Suliac Montfort, a connu une éclipse d’une cinquantaine d’années. Implantée à Glashütte, dans l’est de l’Allemagne (en Saxe), elle a en effet cessé toute activité sous l’ère soviétique. Le petit-fils de fondateur à dû attendre la chute du mur de Berlin pour redonner vie à l’entreprise familiale. Aujourd’hui, la maison fabrique à nouveau l’intégralité de ses montres en Allemagne, grâce notamment au soutien du groupe Richemont, le n°2 mondial du luxe, auquel elle appartient. Peut-être le n°1, LVMH, ou encore Hermès participeront-ils aussi, demain, à la renaissance de l’horlogerie franc-comtoise…

* Indication du temps qu’il reste avant de devoir remonter sa montre.

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