Vous vous changez, changez de Kelton ». Si ce slogan est inconnu des Français les plus jeunes, il est très probablement familier à nombre de femmes et d’hommes qui ont dépassé la quarantaine.
Jusqu’à la fin des années 1980, il s’agissait en effet d’une des « accroches publicitaires » les plus populaires dans l’Hexagone. Avant que la marque ne disparaisse et, avec elle, la célèbre formule.
Pourtant, depuis 2016, Kelton est de retour. Certes, il ne s’agit pas d’édifier une nouvelle usine et d’embaucher des centaines de personnes. Il faut savoir rester modeste. Il est plutôt question de faire renaître une marque populaire, de commercialiser des montres rétro et bon marché, qui se démarquent des modèles « tout-plastique » actuels. Bref de faire renaître une légende née au cours de l’après-guerre.

La montre populaire des Trente-Glorieuses

Mais Kelton, qu’est-ce que c’est ? Une marque de montres pas chères, vendues dans les papeteries, les bureaux de tabac et même les stations-service. Malgré ce positionnement « bas de gamme », ces montres étaient fabriquées en France.
Difficile à concevoir aujourd’hui, alors que les produits made in France sont généralement plus chers que leurs équivalents importés d’Asie, d’Afrique du Nord, d’Europe de l’Est ou du Sud.
Produites dans le Doubs, les montres Kelton ont été lancées au milieu des années 1950, à l’issue d’une rencontre entre des responsables de Timex et un fabricant français. L’entreprise américaine décide alors de faire fabriquer une partie de ses modèles en France, à Besançon, berceau de l’horlogerie tricolore.


Même si la qualité n’est pas au rendez-vous à l’origine, le succès est immédiat, notamment parce que les Kelton sont accessibles, en termes de prix comme de distribution. La marque s’implante et se développe rapidement, au point que Timex décide, au début des années 1960, de construire son propre site de production, toujours à Besançon.
Cette usine est ensuite agrandie à plusieurs reprises au cours des années 1970. Pour la faire tourner, les embauches se multiplient.
Bref, tout va bien pour Kelton et pour les 3 000 hommes et femmes qui fabriquent les montres de la marque.

Grandeur, disparition, puis renaissance…

Jusqu’à l’arrivée du quartz. Au tournant des années 1979-1980, la donne change radicalement. Les ventes baissent, puis s’effondrent, les difficultés succèdent aux difficultés et, avec elles, les licenciements. La production finit par cesser définitivement en 1987.
Définitivement ? Il semblerait que non, puisque les montres Kelton ont fait leur réapparition il y a quelques années.
En 2021, la marque française propose un catalogue d’une douzaine de modèles homme et d’une demi-douzaine pour femme. La plupart de ces montres sont en outre déclinées en différentes versions, de coloris en particulier.
Pour pouvoir proposer des prix attractifs, il est nécessaire d’importer les composants d’Asie. Outre le facteur prix, celui de la disponibilité des pièces est également crucial.
Or, les quelques fabricants qui sont encore actifs dans l’Hexagone ne détiennent plus tous les savoir-faire nécessaires à la fabrication de montres « complètes ». C’est notamment le cas pour les mouvements qui, à deux ou trois exceptions près (Berthet, Emile Pequignet, Yema), ne sont plus fabriqués en France. Précisons qu’il y a quelques années seulement, l’Hexagone ne produisait plus aucun calibre. La situation s’améliore par conséquent. Rappelons aussi que les Kelton de la belle époque abritaient souvent des mouvements d’origine très diverses…

Mouvement de qualité, design rétro et prix bas

Si les « moteurs » des Kelton « d’aujourd’hui » sont tous asiatiques, leur fournisseur, Miyota, est japonais. Les mouvements quartz Miyota sont réputés pour leur fiabilité et leur solidité. Ils sont d’ailleurs « emboîtés » dans les montres de très nombreuses marques, qui pratiquent des tarifs très supérieurs à ceux des Kelton. Le modèle Vietnam embarque même un mouvement mecanique, également fourni par Miyota.
Certains modèles de la collection 2021 sont simples et dépouillés, à l’image des gammes Idyllique ou Cosy. D’autres misent sur une présentation vintage, en parfaite adéquation avec l’histoire de la marque, mais aussi avec les nouvelles aspirations des consommateurs.


Un autre moyen très efficace de diminuer les coûts et, partant, le prix de vente, est de choisir le bon mode de distribution. En l’occurrence, les Kelton sont exclusivement vendus en ligne.
Au final, les Kelton sont originales, peu coûteuses et assemblées en France, ces deux dernières caractéristiques étant rarement compatibles. Ce ne sont pas montres précieuses ou valorisantes. Elles se contentent de donner l’heure, mais avec une certaine élégance.
Elles peuvent en tout cas remplacer très avantageusement les désormais banales petites montres suisses colorées… Et offrir à leurs acquéreurs la pointe de nostalgie et d’histoire qui fait défaut à ces dernières.

Kelton : montres rétro, abordables et assemblées en France