Salomon sera le premier à fabriquer certains de ses modèles de chaussures en France, dans la nouvelle usine ASF 4.0. © Chamatex/Matryx®

Fabriquer des chaussures de sport en France, à l’échelle industrielle. Impossible ? L’entreprise Chamatex entend prouver qu’il n’en est rien. Spécialisé dans la conception et la fabrication de textiles techniques, innovants, Chamatex vient en effet d’inaugurer, le 16 septembre dernier, l’usine ASF — pour Advanced Shoe Factory — 4.0, à Ardoix, dans l’Ardèche. Soit juste un an après en avoir posé la première pierre.

Fabrication et matières françaises

Et de quoi s’agit-il exactement ? D’un outil industriel ultra-moderne, qui devrait employer une petite cinquantaine de personnes, capable à terme de produire chaque année 500 000 paires de chaussures haut de gamme. Et il n’est pas question ici du simple assemblage de matières premières importées…
Le tissu des tiges sont en effet fabriqué par Chamatex, également à Ardoix. C’est en particulier le cas du Matryx ©, un textile constitué de fibres synthétiques — Polyamide ou Polyester — enduits de Polyuréthane et de fils techniques (fibre aramide, carbone, mono filament…) —, développé par l’entreprise ardéchoise.
Plusieurs marques l’utilisent déjà pour certains de leurs modèles de cyclisme (Mavic), de football (Puma), de randonnée (Décathlon), de running (Puma), de sport d’intérieur (Puma, Kempa), de tennis (Babolat) ou de trail (Salomon, Millet, The North Face, Oka One One…). Grâce au Matryx®, ils font tous preuve d’une grande solidité, notamment en termes de résistance à l’abrasion. Tout en étant particulièrement légers.

Décathlon n’est pas partie prenante du projet. Cela ne l’empêche d’utiliser le tissu made in France Matryx® de Chamatex. © Chamatex/Matryx®

Des concurrents devenus partenaires

Certaines de ces marques sont d’ailleurs parties prenante de cette toute nouvelle usine. Actionnaires et partenaires, les Français Salomon, Millet et Babolat, tous trois implantés en Auvergne-Rhône-Alpes, vont prochainement commencer à produire dans l’Ardèche.
S’associer pour construire ensemble un site de production est une approche originale, surtout pour des marques qui sont souvent concurrentes. Mais il est vrai que les marques ont désormais pris l’habitude de voir leurs produits fabriqués dans les mêmes usines, en Asie, en Europe de l’Est ou en Afrique du Nord. Le temps est loin, en effet, où chaque marque possédait son ou ses propres sites de production.
Et l’habillement n’est pas la seule industrie à s’essayer aux vertus de la collaboration. Dans l’automobile, le groupe allemand Daimler vient ainsi d’annoncer qu’il prendrait une participation de 33 % dans ACC, le futur fabricant de batteries né de l’association des Français PSA et Saft (Total Energies).
Grâce aux matériaux utilisés et à l’automatisation qu’ils autorisent, Chamatex et ses partenaires espèrent pouvoir concurrencer les fabricants implantés dans des pays à bas coûts. Et si cette première expérience se révèle positive, Chamatex espère pouvoir la reproduire ailleurs, dans l’Hexagone, mais aussi à l’étranger.