Les banques ne jouent pas le jeu ! Tiens donc… Après avoir obtenu de l’Etat quelques subsides pour renflouer leurs cassettes, jurant la main sur le cœur qu’ils en feraient bon usage en finançant entreprises et particuliers, nos amis les banquiers semblent donc s’être ravisés. Finalement, non ! Ils vont plutôt le garder pour eux, cet argent, histoire de se refaire une santé et de sortir un pied du bourbier où ils s’enfoncent inexorablement.

Mais en quoi cela est-il étonnant ? Après tout, qu’est-ce qu’un banquier sinon quelqu’un dont le quotidien est de faire de l’argent avec celui des autres, de mettre tout en œuvre pour faire payer ceux qui lui confient leurs sous, qui pour éditer un relevé de compte, qui pour procéder à un virement, qui pour mettre en place un prélèvement automatique ou effectuer une opération en Bourse, qui pour quelques jours de découvert. A défaut de pouvoir facturer les chéquiers, les banquiers se vengent en taxant ceux qui retirent quelques billets du distributeur d’un établissement concurrent. Et puis, comme chacun sait, le temps c’est de l’argent ; celui des banquiers est si précieux – quand bien même serait-il celui de ses clients – qu’ils ne daignent même plus répondre au téléphone et confient cette tâche ingrate et secondaire à des serveurs vocaux, qui se chargent d’éconduire les clients trop envahissants.

D’aucuns diront que sans les banques, impossible d’acquérir sa voiture et son appartement, impossible pour les entreprises de se développer. Bref, sans les banques, pas d’économie. Peut-être, probablement. Mais si les banques n’avaient pas trouvé leur propre intérêt à financer autant de projets immobiliers ces dernières années, si elles n’avaient pas fait des pieds et des mains pour voler des clients à leurs concurrents, et ce pour vingt-cinq ou trente ans, pour une vie, elles ne l’auraient pas fait. Les prix ne seraient jamais monté aussi haut et nous ne serions pas aujourd’hui à l’aube d’un nouveau krach…

Bas de laine et lessiveuse
Que revienne la mode de l’ancestrale lessiveuse, du matelas ou du bas de laine et notre cher banquier se trouverait bien dépourvu ! L’exemple du FMI est à cet égard édifiant. Après avoir saigné à blanc des dizaines de pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, il s’est soudainement retrouvé à cours d’argent. Par quel miracle ? Aucun sortilège, mais la seule volonté de certains de ces pays qui, échaudés par les pratiques du FMI et de sa cousine la Banque mondiale, ont remboursé leurs emprunts par anticipation, se jurant de ne plus jamais demander un dollar d’aide. Ils ont, par cette « simple » décision, privé les grands argentiers internationaux de tout revenu.
Heureusement pour ces honorables institutions, la crise financière est depuis passée par là. Aujourd’hui, les clients affluent à nouveau.

Si personne ne confie son salaire ou ses économies à un banquier, celui-ci n’a plus rien à prêter, donc plus aucun moyen de gagner de l’argent. Sans déposant ni emprunteur, le banquier n’existe plus… En France, c’est grâce aux dépôts des petits épargnants et aux multiples frais qu’ils leur facturent que les banquiers s’enrichissent. Quant à la « haute finance », celle des fusions-acquisitions, des produits dérivés ou même de l’immobilier, la débâcle actuelle illustre à merveille l’étendue de leur savoir-faire. Les ingénieurs-financiers-titrisateurs se sont pris pour des dieux, maîtrisant à merveille la multiplication des pains. Ils pensaient avoir inventé la pierre philosophale du XXIe siècle, celle qui transformait une dette en richesse et effaçait définitivement le moindre risque. Les banquiers se sont pris pour des aventuriers. C’est raté…

L’avenir est incertain et, pour une banque, rien n’est pis. Mieux vaut donc la jouer petit-bras et « engourdir » les sommes débloquées par les pouvoir publics. C’est toujours ça de pris. Tant pis pour les particuliers ou les PME. En cela, les banquiers perpétuent leurs bonnes vieilles habitudes. Ils font leur métier, ni plus ni moins… Il n’y a pas lieu de s’en étonner.