Quelques lignes glanĂ©es dans un article (Karyn PoupĂ©e, Le Point n° 1857) sur le Japonnais Sharp, fabricant de matĂ©riel Ă©lectronique, cador des Ă©crans plats :  » A l’origine de ce printemps de l’industrie nipponne, on trouve pĂªle-mĂªle les craintes liĂ©es aux importations chinoises plus ou moins fiables, une dose de protectionnisme inavouĂ©, la fiertĂ© du monozukuri (manufacture Ă  la japonaise), la nĂ©cessitĂ© de relancer les rĂ©gions… » La journaliste poursuit un peu plus loin, reprenant les paroles d’un haut responsable de l’entreprise : « Et puis produire localement permet d’Ă©viter les vols de technologie. » Certes, mais le Japon, ce n’est pas vraiment un PVD ! Ça doit coĂ»ter bonbon de produire sur place… « Les industriels composent avec les coĂ»ts Ă©levĂ©s de l’archipel, poursuit la journaliste, en jouant sur le cours favorable du yen, mais aussi sur les facilitĂ©s offertes par les autoritĂ©s rĂ©gionales, les collaborations avec les universitĂ©s, les aides de l’Etat en matières de recherche et dĂ©veloppement, une logistique ultra-efficace, etc. Surtout, ils rĂ©duisent leurs frais fixes en faisant tourner leurs installations vingt-quatre heures sur vingt-quatre » (…).
Un peu plus haut dans l’article, l’auteure avait en effet prĂ©cisĂ© que « pour rentabiliser plus encore le complexe d’Osaka (une usine ultramoderne), le P-dg de Sharp va aussi fabriquer des panneaux solaires », dont les matĂ©riaux et la fabrication sont très proches de ceux des dalles LCD. D’une pierre deux coups, donc… FutĂ©s ces Japonais. PrĂ©cision, d’importance selon la journaliste : ce P-dg est ingĂ©nieur et non diplĂ´mĂ© d’une Ă©cole de commerce prestigieuse ! Las, il s’agit surtout d’un ingĂ©nieur japonais, car le bilan de M. Tchuruck – « brillant » polytechnicien – après plus de dix ans passĂ©s Ă  la tĂªte d’Alcatel est malheureusement loin d’Ăªtre aussi flatteur !

L’Ă©toffe d’un ministre
Page suivante du mĂªme numĂ©ro du Point, petit article sur Thomson, jadis premier constructeur mondial de tubes cathodiques et donc concurrent direct de Sharp. Sous le titre La chute, le papier relate l’Ă©viction du P.-dg , Franck Dangeard, par les administrateurs de l’entreprise. Je cite : « En moins de quatre ans, Dangeard, poursuivant la politique menĂ©e avec son maĂ®tre Ă  penser, Thierry Breton (qui prit alors la tĂªte de France TĂ©lĂ©com avant d’Ăªtre nommĂ© ministre de l’Economie et des finances du prĂ©cĂ©dent gouvernement), a transformĂ© Thomson, gĂ©ant français de l’Ă©lectronique grand public, en PME dĂ©diĂ©e aux « solutions vidĂ©o ». Quel talent ! Alain JuppĂ© l’avait anticipĂ© – qui essaya, il y a une dizaine d’annĂ©es, de vendre Thomson Ă  Daewoo pour 1 franc symbolique –, Dangeard l’a fait. Une performance qui lui vaudra probablement un maroquain dans les mois Ă  venir. PĂ©digree universitaire du magicien Dangeard : HEC, IEP Paris et la Harvard Law School. Une sorte d’anti-M. Sharp, puissance trois.
Eh oui !,  ce n’est pas parce qu’on a fait une Top Business School qu’on a forcĂ©ment la bosse des affaires. Ou plutĂ´t si, mais uniquement pour les siennes propres. En dĂ©pit de son bilan calamiteux Ă  la tĂªte de Thomson, le sieur Dangeard a tout de mĂªme empochĂ© une rĂ©munĂ©ration brute totale de 967 232 euros en 2006 (Les Echos du 23 avril 2007 : rĂ©munĂ©ration brute totale, hors stock option, qui comprend le salaire fixe, les avantages en nature et autres bonus ainsi que les jetons de prĂ©sence). L’Ă©toffe d’un ministre, assurĂ©ment.