Le maintien des emplois en France et la protection de l’environnement – qui souvent vont de pair – ont, depuis le dĂ©but de la crise actuelle, retrouvĂ© droit de citĂ©. Il y a un an seulement, peut-Ăªtre moins, le dĂ©veloppement durable Ă©tait certes sur toutes les lèvres, mais très rarement dans les actes. Ceux qui avaient les moyens d’agir ne le faisaient gĂ©nĂ©ralement pas et se contentaient pour l’essentiel d’afficher de bonnes intentions. Aujourd’hui, croissance et consommation sont en berne. Il faut dĂ©sormais trouver de nouveaux moyens pour sĂ©duire les consommateurs : la valorisation du caractère « durable » de certains produits en est un. La protection de notre environnement n’est plus l’apanage de doux rĂªveurs dĂ©connectĂ©s des rĂ©alitĂ©s Ă©conomiques, elle est devenue une valeur que les plus hostiles contempteurs d’hier mettent aujourd’hui en avant pour « faire du business ». Au final, les intentions ne sont pas forcĂ©ment très louables, mais peut-Ăªtre le rĂ©sultat sera-t-il bĂ©nĂ©fique pour notre planète. Idem pour ce qui est des dĂ©localisations : panacĂ©e hier, elles ont aujourd’hui très mauvaise presse. Les plus fervents dĂ©fenseurs des coĂ»t de production minimaux – qui nĂ©gligent de prendre en compte les externalitĂ©s nĂ©gatives – ont comme consigne de mettre une sourdine Ă  leur logorrhĂ©e mondialisante. En marge de ces multiples volte-face, certaines entreprises parviennent tant bien que mal a rester dans l’Hexagone et Ă  proposer des produits de grandes consommations, dont les concurrents ont pour la plupart transfĂ©rĂ© la production dans des pays Ă  bas coĂ»ts.

Chercher, innover, fabriquer
Brandt par exemple, qui appartient dĂ©sormais à l’Espagnol Fagor, dispose encore de quatre sites de production en France. Ce fabricant a mis au point le lave-linge « Dose e » censĂ© limiter l’utilisation de lessive en dosant lui-mĂªme la quantitĂ© strictement nĂ©cessaire pour laver tel type et telle quantitĂ© de linge. Machine haut de gamme (900 euros, capacitĂ© de 7 kg), ce lave-linge va Ăªtre dĂ©clinĂ© en versions meilleur marchĂ© pour donner naissance Ă  une famille d’appareils intelligents et Ă©conomes. Des produits qui, Ă  leur manière, limitent le gĂ¢chis et participent ainsi Ă  la protection environnementale. MĂªme dĂ©marche pour Seb, leader mondial du petit Ă©lectromĂ©nager qui, malgrĂ© la fermeture de plusieurs usines ces dernières annĂ©es, possède encore neuf sites de production en France. Ce fabricant propose par exemple – et entre autres – une friteuse rĂ©volutionnaire, baptisĂ©e Actifry, qui elle aussi mĂ©nage Ă  sa façon notre planète. Elle rĂ©duit en effet Ă  zĂ©ro les effluves d’huile chaude en diminuant considĂ©rablement l’utilisation de cette huile : une seule cuiller suffit pour faire cuire un kilogramme de frites ! Ce produit, qui s’est dĂ©jĂ  vendu Ă  plus de un million d’unitĂ©s, a Ă©galement permis de sauver le site de Is-sur-Tille (CĂ´te-d’Or), qui Ă©tait vouĂ© Ă  une fermeture certaine Ă  moyen terme. De mĂªme, une autre innovation rĂ©cente, une machine pour pĂ©trir et cuire le pain, a nĂ©cessitĂ© une annĂ©e de recherche et de mise au point pour les Ă©quipes de ce site bourguignon, oĂ¹ est Ă©tabli le Centre mondial de recherche et dĂ©veloppement consacrĂ© aux appareils de cuisson Ă©lectrique. Malheureusement, le Home Baker Dual a ensuite pris la direction de la Chine pour y Ăªtre produit Ă  meilleur prix. C’est d’ailleurs une route que risquent Ă  terme d’emprunter Ă©galement les fers Ă  repasser, produits Ă  Pont-EvĂªque (Isère) et Ă  Erbach (Allemagne). Un plan social touchant 214 postes sans licenciement et concernant les deux sites vient en effet d’Ăªtre annoncĂ© par le groupe. Un groupe qui a parallèlement planifiĂ© 5,2 millions d’euros d’investissement sur le site – bourguignon lui aussi – de Selongey pour finaliser les recherches effectuĂ©es sur un nouvel autocuiseur, commercialisĂ© normalement mi-2009. Concevoir et fabriquer des produits originaux, de qualitĂ©, Ă©conomiques dans leur fonctionnement, voilĂ  peut-Ăªtre des moyens d’intĂ©resser les acheteurs. Des hommes et des femmes qui semblent se dĂ©tourner – un peu – du modèle selon lequel il faut consommer beaucoup. Allons-nous assister enfin Ă  l’avènement d’une consommation rĂ©flĂ©chie, oĂ¹ la qualitĂ© remplacerait la quantitĂ©, oĂ¹ les Ă©conomies rĂ©alisĂ©es Ă  court terme ne seraient plus les seules prises en compte ?