Olympia vient d’être condamné a verser 2,5 millions d’euros de dommages et intérêts à une quarantaine de salariés auxquels l’entreprise n’a pas proposé de reclassement dans son usine roumaine. On se souvient que, très récemment, une autre entreprise textile française – Carreman – avait été stigmatisée pour avoir proposé à des salariés licenciés un reclassement en Inde. C’est d’ailleurs derrière cet exemple que la direction d’Olympia se réfugie pour affirmer – et c’est probablement vrai – qu’elle s’était entendue avec les salariés en question pour ne pas faire une telle proposition, bien entendu inacceptable.
Depuis l’annonce de la condamnation d’Olympia, c’est uniquement sur cet aspect de l’affaire que se porte l’attention des médias. En effet, si l’on en croit les dirigeants de l’entreprise, le versement de ces 2,5 millions d’euros signifierait purement et simplement l’arrêt de mort de la société et le licenciement des derniers salariés français du site de Romilly-sur-Seine. D’où bien entendu une très vive tension entre ex et actuels salariés, entre ceux déjà été mis à la porte et ceux qui risquent de l’être demain.
Olympia, entreprise victime de la conjoncture et de l’acharnement de quelques inconscients ?

Troc  et sourcing
Concurrence asiatique oblige, tout a été mis en œuvre depuis des années pour réduire les coûts. Olympia a ainsi troqué ses ouvriers français contre leurs équivalents roumains, payés ceux-là 110 euros par mois. Outre ce transfert complet de production, le fabricant a également eu recours au sourcing, autrement dit à l’achat pur et simple de marchandise dans le Maghreb et en Turquie, chaussettes revendues ensuite sous sa marque.
En une quinzaine d’années seulement, l’unique héritière de l’entreprise – et tout aussi unique actionnaire – et les directions successives ont démantelé un outil industriel que la famille Jacquemard avait mis près de un siècle a construire, pour faire de leur entreprise le n°1 français.
En dépit de ces restructurations successives, de trois plans sociaux, les affaires ne sont plus ce qu’elles étaient. Que faire alors ? Partir en Inde, pour trouver des salaires encore plus bas ? Changement de cap complet récemment : la direction d’Olympia ne prône plus le nivellement par le bas, mais vise désormais le haut de gamme et quelques niches lucratives. Plutôt floue comme stratégie… Et si propriétaire et direction avaient quelque responsabilité dans les déboires successifs de leur entreprise ? Si les Chinois, les juges et les licenciés revanchards n’étaient pas les seuls responsables des maux d’Olympia ?
Les quelques fabricants de chaussettes opérant encore dans l’Hexagone ont fait, il y a des années, des choix opposé à ceux opérés par Olympia. Ils ont avant tout choisi de ne pas délocaliser leur production, de préserver emplois et savoir-faire. Ils ont refusé de s’aligner sur des produits chinois ou autres, impossibles à concurrencer. Aujourd’hui, Monnet, Perrin ou Tricotage des Vosges ne sont certes pas des multinationales, leaders mondiaux sur leur marché. Mais ces entreprises sont toujours bien vivantes, elles se développent et ne licencient pas. Et n’ont par conséquent aucun problème avec les prud’hommes…