L’époque est à la consommation et au remplacement d’objets précocement — prétendument ? — obsolètes. Fini la réparation. Outre que l’intérêt financier de cette approche est pour le moins discutable en temps de crise économique, les retombées négatives en termes environnementaux sont évidentes.
Ainsi, quels sont les bénéfices réels de la prime à la casse sur l’emploi en France alors que, pour l’essentiel, les petits véhicules achetés grâce à elle sont fabriqués à l’étranger ? Si les usines qui produisent les C1, 107, Twingo, Clio et 207 — pour partie —, Megane, C3 et C4 Picasso tournent à plein régime en Espagne, en Europe de l’Est ou encore en Turquie, c’est loin d’être le cas de celles qui sont implantées dans l’Hexagone. Les salarié de PSA ou de Renault connaissent pour beaucoup le chômage partiel, ceux des sous-traitants « pointant » purement et simplement. Si la prime à la casse est bénéfique pour les constructeurs hexagonaux, où est le bénéfice pour les hommes et les femmes qui fabriquent les voitures, en France et de leurs mains ? De même, quelles quantités d’énergie et de matières premières sont-elles en englouties pour produire ces nouvelles machines ? Quelle pollution cette production occasionne-t-elle ? Est-il prouvé que les économies d’énergie générées par l’utilisation de véhicules neufs moins polluants compensent réellement celle dépensée pour produire de nouveaux véhicules ?
Peut-être serait-il plus sage de patienter et d’attendre que des véhicules véritablement moins polluants arrivent chez les concessionnaires. Car faut-il coûte que coûte se précipiter — comme on se précipitait hier pour acquérir un appartement — sur une Twingo slovène ou sur une Clio turque, plutôt que de patienter quelques mois pour acquérir une Yaris hybrid que Toyota projette de fabriquer dans le Nord de la France, ou encore la future Heuliez Friendly, totalement électrique qui, si tout va bien, sera fabriquée dans les Deux-Sèvres ?
En attendant et si votre carrosse est vraiment fatigué —  et à condition de ne pas considérer, comme un certain ministre, qu’une Citroën C6 de 50 000 euros, sortie d’usine en 2007, est bonne à mettre au rebut —, il reste la solution de l’échange standard. La société Faral, implantée en Mayenne, propose ainsi de remettre à neuf des pièces et des moteurs de voitures usagés. Elle produit ainsi 2 000 moteurs, 3 000 culasses, 2 000 turbos et 700 boîtes de vitesses chaque année. Faral a même déposé plusieurs brevets, pour la rénovation de culasses notamment. Le patron de cette entreprise de 56 salariés,M. Hunaut, indique qu’une fois rajeunis, ces éléments ont une durée de vie égale à 85 % de celle de leur équivalents neufs. Cela pour un prix inférieur de 20 à 50 %. En outre, avance M. Hunaut, « rénover des pièces usagées utilise environ 80 % d’énergie en moins que de fabriquer des pièces neuves ». Il a d’ailleurs créé un label, baptisé « Vert échange ».
Alors gardez votre ancien véhicule, changez seulement ce qui doit l’être, donnez du travail à un sous-traitant automobile et attendez que des modèles « propres » made in France arrivent, enfin, sur le marché.

La Tribune, 11 août 2009