Le 30 juin dernier, Nayla Hayek a été nommée présidente du Swatch Group, à la place de son père, Nicolas G. Hayek, décédé deux jours plus tôt à l’âge de 82 ans, alors qu’il travaillait dans son bureau.
Nicolas G. Hayek est celui qui a créé Swatch, le futur numéro 1 mondial de l’horlogerie. Celui qui a sauvé cette industrie en Suisse dans les années 1980, alors que les Japonais grignotaient petit à petit ses parts de marché. Celui qui a réuni dans une même entité des entreprises qui, au mieux, s’ignoraient, au pis se détestaient. C’est lui également qui a inventé la petite voiture urbaine, la Smart, qu’il voulait non polluante, pressentant la fin proche du pétrole. Il travaillait sur Bélénos, un projet de moteur propre, qu’il souhaitait ensuite vendre aux constructeurs automobiles. A quelques mois près, il voyait son rêve en partie réalisé : la première Smart 100 % électrique sortira de l’usine lorraine de Hambach en novembre 2010.
Alors que le salarié est devenu la seule variable d’ajustement, Nicolas G. Hayek considérait l’homme comme la première richesse d’une entreprise. Tout devait être essayé avant d’en licencier un seul. Pour ce milliardaire, qui n’avait ni chauffeur ni jet privé, le rôle d’un entrepreneur était de créer de la richesse pour tous. Sous-entendu, pas uniquement pour les actionnaires. Lors d’une conférence qu’il donna récemment à la Sorbonne, il dit à propos de la concurrence japonaise qui faillit tuer l’horlogerie suisse : « Le problème ne venait pas des salaires trop élevés des horlogers, mais d’un management trop complaisant et d’un manque d’esprit d’entreprise ».
Ce sont à présent les enfants de Nicolas G. Hayek qui dirigent le Swatch Group. Marcheront-ils dans les traces du père, prouvant que tout est histoire de valeurs, de mentalités et de priorités, pas de générations ? Ou les salariés de Swatch seront-ils demain traités comme dans n’importe quelle autre grande entreprise ?

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